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Un impressionnant tunnel de contrebande découvert à la frontière américano-mexicaine

Plus d'un kilomètre de long entre Tijuana, au Mexique, et San Diego, en Californie : les autorités américaines viennent de dévoiler l’existence du plus long tunnel jamais découvert entre les deux pays.  

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le plus long tunnel de contrebande jamais découvert entre les États-Unis et le Mexique. (CAPTURE D'ECRAN TWITTER)

Ce qui frappe, c’est la sophistication de l’ouvrage. On le voit bien sur les images rendues publiques par les services d’immigration américains : c’est un tunnel très élaboré : 1 km 300 de long, un peu étroit (60 cm), mais avec une vraie "hauteur sous plafond", 1 m 75, l’espace suffisant pour se déplacer debout, le tout creusé à 20 mètres de profondeur.

Et ce n’est pas tout : dans le tunnel, on trouve un ascenseur, pour descendre, côté mexicain, des rails au sol pour pouvoir déplacer des wagonnets comme dans une mine, un système d’éclairage haute tension, et même des canalisations d’eau. Ce vrai travail de professionnel du BTP témoigne des moyens financiers engagés par les trafiquants et les contrebandiers. L’entrée du tunnel se trouvait à un angle de l’aéroport de la ville mexicaine de Tijuana ; sa sortie était sans doute située dans une zone industrielle de San Diego, de l’autre côté de la frontière. Mais les autorités américaines n’ont pas communiqué l’emplacement exact. En fait, elles ont découvert ce tunnel en août dernier, mais elles ont pris plusieurs mois pour l’explorer de fond en comble et lui soutirer toutes ses informations, avant d’en révéler l’existence ce 29 janvier.  

72 tunnels en 30 ans

Ce n’est pas le premier tunnel du genre et il s’en faut de beaucoup. Rien que dans cette zone de San Diego, 72 tunnels ont été repérés depuis 30 ans,dont 15 particulièrement élaborés. Mais celui-ci bat les records à tous points de vue, sa taille, comme son aménagement intérieur. Il faut dire que la constitution du sol dans la région est favorable : assez peu de roches, beaucoup de terre battue. Ces tunnels peuvent avoir deux fonctions : d’une part faire passer des migrants côté américain, d’autre part, et surtout, faire passer de la drogue. Lors de la découverte d’un tunnel précédent, les enquêteurs américains avaient trouvé une tonne de cocaïne et sept tonnes de marijuana ! Les cartels de la drogue mexicains sont très actifs dans cette zone, en particulier le tristement célèbre cartel de Sinaloa, dont le chef historique Joaquin Guzman, dit El Chapo, est en prison aux États-Unis.  

Un mur à 40 milliards

Tout ça tend à prouver que le "mur" cher à Donald Trump ne règlera pas tout. Les trafiquants trouveront toujours des contournements. En l’occurrence, ce tunnel, à 20 mètres de profondeur, passe bien en-dessous de toute fondation d’un mur extérieur. Quant au mur de Trump, ça reste un miroir aux alouettes, une simple promesse de campagne. Le président américain s’était engagé à construire d’ici fin 2020 quelque 750 kilomètres supplémentaires de mur entre les États-Unis et le Mexique. À 11 mois de l’échéance, seulement 150 kilomètres ont été construits. Et il ne s’agit même pas de nouveaux tronçons, uniquement du remplacement de parties du mur déjà construites mais qui ne tenaient plus debout. Le problème c’est le coût, estimé à 40 milliards de dollars, si les États-Unis veulent combler les 2 000 kilomètres de frontière où il n’y pas de mur. C’est une facture dissuasive.  

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