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Un gros coup de pouce pour le salaire minimum en Espagne

Le chef du gouvernement espagnol vient d'annoncer une très forte augmentation du SMI, l'équivalent du Smic de l'autre côté des Pyrénées.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, le 8 décembre 2018. (MIGUEL A. LOPES / MAXPPP)

 + 22%. Oui, vous avez bien lu : + 22% pour le "salario minimo", comme on dit en Espagne. C’est ce que propose le chef du gouvernement, le socialiste Pedro Sanchez. Il l’a confirmé mercredi 12 décembre devant les Cortes, le Parlement espagnol. La mesure sera officialisée dans quelques jours pour entrer en vigueur en janvier : le salaire minimum passerait donc, d’un seul coup, de 735 euros à 900 euros bruts par mois. Le tout sur 14 mois. Soit l’équivalent de 1 050 euros mensuels. C’est la plus forte hausse depuis 40 ans en Espagne. 1,3 millions de personnes sont directement concernées, et plus d’un million d’autres le sont aussi par effet en chaîne : les travailleurs agricoles et les femmes de ménage en particulier.

Un niveau malgré tout inférieur au Smic français

+22%, ce n’est plus un coup de pouce, c’est un gros coup de main. Et forcément, on est tenté de faire la comparaison avec la France et les 100 euros promis par Emmanuel Macron cette semaine : une hausse plus modeste et qui n’est pas une augmentation de salaire à proprement parler, juste un mécanisme lié à la prime d’activité. Cela étant, même avec ce + 22%, le salaire minimum espagnol reste très en dessous du niveau français, en valeur absolue, comme en valeur relative si on le rapporte au coût de la vie.  

Les doutes du patronat espagnol

C'est en tous cas un pari économique, même un coup de poker. Pedro Sanchez fait le pari que cette hausse spectaculaire va bénéficier à l’économie et à la consommation, et aussi faire rentrer des cotisations dans les caisses de la Sécurité sociale. Il s’agit également de résorber les écarts de salaires hommes femmes : les femmes constituent la majorité des bas salaires. Le patronat est beaucoup plus sceptique. Il estime que ça va provoquer des licenciements en série et nuire à la compétitivité de l’Espagne, face à d’autres pays européens où les salaires sont très bas, comme la Roumanie, la Bulgarie ou encore la Pologne : là-bas, le salaire minimum oscille entre 200 et 320 euros par mois. Pour les chefs d’entreprise espagnols, le chômage, qui a beaucoup baissé, pourrait donc repartir à la hausse.  

Une majorité fragile

Il y a aussi un calcul politique, un coup de poker politique. Le dirigeant socialiste n’a pas de majorité : il conduit un gouvernement minoritaire, les socialistes n’ont qu’un quart des sièges. Pour faire adopter son budget la semaine prochaine, il mise donc sur l’appui du parti de gauche radicale Podemos, et aussi sur le soutien des partis indépendantistes catalans. La hausse du salaire minimum vise à séduire ces partenaires. Parce que si le budget n’est pas adopté, le dirigeant socialiste devra démissionner. Et dans ce cas on irait droit vers des élections générales en Espagne au printemps prochain.

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