Turquie et Grèce se reparlent : apaisement en Méditerranée orientale ?
Au moment où la Grèce achète des Rafale à la France, Athènes a repris des discussions avec la Turquie pour régler leurs contentieux en Méditerranée orientale. Est-ce une vraie désescalade ou une simple pause dans la tension entre les deux pays ?
Même si ce ne sont que des contacts exploratoires, c'est un signal positif après des années d'incidents, où on a parfois frôlé la guerre. Les points de litige entre la Grèce et la Turquie sont nombreux. Les plus importants concernent essentiellement le tracé des frontières maritimes et l'exploitation du gaz offshore autour de Chypre, dont la partie nord reste occupée par l'armée turque.
La Turquie ne veut pas être absente du partage du gâteau énergétique et a multiplié ces derniers mois les faits accomplis. Elle a notamment envoyé sa marine de guerre escorter ses navires de prospection ou empêchant d'autres bâtiments européens de mener leurs campagnes d'exploration. Bref, cette bataille navale a créé une grande la tension en Méditerranée orientale, y compris avec la France et Emmanuel Macron, traité de "malade mental" par le président Erdogan.
Mais récemment, le numéro un turc semble jouer la carte de l'apaisement et du dialogue. Il s'est dit prêt à remettre sur les rails les relations entre la Turquie et l'Union européenne. Et même avec Paris avec qui le président Erdogan voudrait tourner la page de la brouille.
Pourquoi ce revirement de la Turquie ?
Il y a d'abord les menaces de sanctions de l'Union européenne, au moment même où l'économie turque est en grande difficulté à cause de la pandémie de Covid-19. Le secteur touristique, pourvoyeur de devises et d'emplois, est par ainsi complètement sinistré. L'élection de Joe Biden à la Maison Blanche n'est pas non plus une bonne nouvelle pour le président Erdogan, qui était très proche de Donald Trump.
Avec Biden, sa relation ne sera pas la même. Au Pentagone, on n'a toujours pas digéré l'achat par Ankara du système de défense aérienne russe S 400, alors même que la Turquie est un pilier de l'Otan. Le Congrès américain, malgré l'opposition de Donald Trump, a finalement imposé en décembre dernier des sanctions contre la Turquie à cause de cet achat jugé inamical.
Un axe pour contenir la Turquie
Enfin, un axe en Méditerranée s'est créé pour endiguer les ambitions turques. Il comprend la Grèce, la France, l'Egypte et les Emirats arabes unis. Forcément, le président Erdogan préfère temporiser, car l'accumulation de toutes ces pressions pourraient lui coûter cher. Est-il sincère dans sa volonté d'apaisement ? Cela reste à prouver. En tout cas, il fait preuve de réalisme.
C'est peut-être le moment idéal pour les Européens, à commencer par la Grèce, d'engager une discussion de fonds sur tous les sujets qui fâchent avec la Turquie.
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