Suède : une panne de congélateur compromet plusieurs dizaines d’années de recherches scientifiques

Le prestigieux institut Karolinska vient de perdre plusieurs centaines d’échantillons essentiels à ses travaux. Cet incident confirme à quel point le travail des chercheurs est vulnérable.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une panne de courant à l'institut Karolinska, en Suède, entraîne la perte de milliers d'échantillons. Photo d'illustration. (IMAGE SOURCE RF/ANDREW BROOKES / IMAGE SOURCE / GETTY IMAGES)

L'institut Karolinska est l’un des centres scientifiques les plus réputés du monde, il participe chaque année à la désignation des prix Nobel de physiologie ou de médecine. Cette notoriété ne rend pas pour autant moins vulnérable ce joyau de la recherche mondiale qui vient de perdre plusieurs centaines d’échantillons. Le résultat de plus de 30 années de travail en laboratoire perdus, tout cela en une seule nuit, à cause d’une panne d’électricité sur des congélateurs qui conservaient des prélèvements effectués dans des laboratoires du monde entier.

L'incident vient juste d’être révélé, alors que la panne a eu lieu la veille de Noël. Au pire moment de l’année, selon le doyen de l’Institut, juste avant les fêtes de fin d’année, le soir où le centre fermait ses portes pendant toute une semaine. Les 16 réservoirs cryogéniques disposent d’une autonomie de quatre jours. Mais la réparation n’a pas pu se faire dans les délais et pas un seul échantillon n’a résisté à la panne. Une perte évaluée à plus de 40 millions d’euros, mais un "préjudice incalculable pour la science", d’après les responsables de l’Institut. Ces prélèvements devaient notamment servir de base de travail aux recherches sur la leucémie.

Des pannes qui préoccupent de plus en plus

Une enquête interne a été ouverte par l’Institut Karolinska. L’incident a été signalé à la police suédoise car si rien n’indique aujourd’hui que cette panne soit la conséquence d’un sabotage, toutes les pistes sont envisagées, y compris la possibilité que les dégâts aient été provoqués par une influence extérieure.

En 2012, un incident similaire s’était produit au centre d’études d’Harvard sur le cerveau. Les chercheurs avaient estimé que cela avait repoussé de près de 10 ans leurs travaux de recherche sur l’autisme. En Suède, après les révélations de l’Institut Karolinska, plusieurs associations écologistes se sont inquiétées pour la sécurité du bunker de la biodiversité. Il s'agit de cette banque, enfouie sous les terres du Svalbard, en Norvège, près du pôle Nord, où sont stockées près cinq millions de graines, en cas de catastrophe climatique majeure, de guerre totale ou encore de black out.

Ces pannes de courant à grande échelle préoccupent de plus en plus les dirigeants de la planète. L’incident de Karolinska révèle toute la fragilité de la recherche scientifique sur le sujet et la dimension stratégique de protéger ses avancées. 

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