Souveraineté énergétique : la présidente de la Commission européenne au Groenland

Ursula von der Leyen est en visite ce vendredi dans cette région autonome du royaume danois, qui regorge de terres rares essentielles à la transition écologique, mais aussi de pétrole et de gaz. Un territoire également convoité par la Chine et les États-Unis.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
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Temps de lecture : 3 min
Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne et Múte Bourup Egede, le Premier ministre du Groenland, le 15 mars 2024. (LEIFF JOSEFSEN / RITZAU SCANPIX / AFP)

Après une étape aux îles Féroé jeudi, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, est au Groenland ce vendredi 15 mars 2024 pour une partie de chasse aux matières stratégiques. Ce gigantesque territoire de l’Arctique, rattaché au Danemark, est une destination plutôt rare et inhabituelle pour un voyage officiel, mais qui s’avère désormais hautement stratégique. Le Groenland regorge de matières essentielles aux grandes puissances, si elles veulent conserver leur indépendance énergétique, c’est le grand sujet du moment.

Et dans cette optique, le Groenland est un peu l’île aux trésors : 25 des 34 matériaux critiques recherchés par l’Union européenne et par les autres sont enfouis dans les sols du Groenland, en très grande quantité. Il s'agit de terres rares et de métaux essentiels à la transition écologique européenne. Mais le Groenland possède aussi du pétrole, du gaz et du cuivre. Ursula von der Leyen est là-bas pour cette raison, pour ouvrir un bureau permanent de l’UE sur l’île et voir si l’approche commerciale des Européens peut séduire les autorités du Groenland.

Les Chinois et les Américains sont déjà sur le coup depuis quelques années. Mais une fois n’est pas coutume, après avoir annoncé fièrement en 2017 la création d’une "Route de la soie polaire", les Chinois ont officiellement tiré un trait sur l’étape groenlandaise. Leurs projets d’extraction de fer et d’uranium ont été suspendus. Et Pékin a retiré ses offres de construction de deux aéroports sous la pression des États-Unis, qui disposent d’une base militaire au Groenland. L’initiative chinoise a réveillé subitement Washington. C’est à ce moment-là, en 2019, que Donald Trump a envisagé de racheter le Groenland. Une proposition considérée comme absurde par le Danemark et immédiatement rejetée par le Groenland.

Près de 100 millions d'investissements en échange de l’accès aux gisements

Le Danemark, membre de l’Union européenne, est un atout majeur pour la stratégie d’Ursula von der Leyen. Elle était d’ailleurs accompagnée par la Première ministre danoise, pour détailler le nouveau partenariat entre l’UE et le Groenland. Il est question de 22 millions d’euros d'investissements dans le développement durable et de 71 millions dans l’éducation, en échange de l’accès aux gisements de matériaux critiques. Ursula von der Leyen essaye aussi d’obtenir la garantie que le Groenland ne se tourne pas vers d’autres clients.

"Avec la fonte des glaces, des États comme la Russie et la Chine imposent de plus en plus leur présence dans la région. C’est la raison pour laquelle des démocraties comme les nôtres au Groenland et en Europe doivent renforcer leurs liens politiques. C’est le début d’une nouvelle ère qui concrétise la présence de l’Union européenne au Groenland et dans l’Arctique. Et Monsieur le Premier ministre, cette maison de l’Europe est aussi la vôtre", a déclaré la présidente de la Commission européenne. L’Europe ouvre grand ses portes et si Ursula von der Leyen se montre aussi hospitalière, c’est parce qu’elle sait qu’au Groenland le mouvement indépendantiste avance petit à petit. Et ce mouvement a toujours considéré le potentiel d’investissement chinois comme une voie solide pour se libérer du Danemark.

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