Rébellion de Wagner : les diplomaties occidentales dans le flou face à la "mutinerie express"
Aussi vite que samedi devient dimanche, Moscou passe de la panique au train-train quotidien. Mais à l'heure qu'il est pour les diplomaties occidentales, rien n'est clair face à la "mutinerie express" du groupe Wagner et de son chef Evgueni Prigojine samedi 24 juin : pourquoi tant de facilités pour s'emparer du siège du commandement russe à Rostov, sans quasiment aucun affrontement ni aucune résistance ? Pourquoi a-t-il renoncé aussi facilement et dans quelles conditions ? Et enfin et surtout : où est exactement Evgueni Prigojine ?
Dans un enregistrement audio, le chef des Wagner assure avoir tenté de sauver son groupe paramilitaire d'une dissolution programmée pour le 1er juillet. D'après lui, son but n'était pas de "renverser le pouvoir, mais bien de montrer à l'armée russe ce qu'il aurait fallu faire le 24 février 2022", jour de l'invasion de l'Ukraine. Mais quelle est la valeur de sa parole ? La plupart des questions posées par sa percée en direction de Moscou restent sans réponse. Elles sont pourtant primordiales pour comprendre l'état du rapport de force en Russie. Nous sommes peut-être face à un premier coup de semonce annonciateur d'autres soubresauts.
Personne ne souhaite ainsi s'avancer. Les chancelleries occidentales actent du fait que Vladimir Poutine est fragilisé et se bornent à voir ces événements comme un avantage pour les Ukrainiens. Mais dans l'ensemble, Paris, Washington, Bruxelles oscillent entre sidération et prudence, puisque personne n'avait vu le coup venir, les renseignements occidentaux n'en ayant eu vent que trop tard pour s'y préparer et parce que personne ne sait réellement de quel côté la pièce est tombée.
Le coup de force n'arrange pas les occidentaux
La situation ouvre deux voies vers deux issues imparfaites. Soit Vladimir Poutine n'a pas été ébranlé en interne et garde le soutien de sa garde rapprochée, dans les milieux sécuritaires comme dans les milieux d'affaires. Dans ce cas, le monde reste face à une Russie forte avec un homme fort qui continue à déstabiliser tout le monde. Soit le pays vacille et Evgueni Prigojine ou un autre prend la main.
Dans le pire des cas, personne ne prend la main et la Russie devient défaillante, ce qui ne serait pas la meilleure solution puisqu'il s'agit d'une puissance nucléaire. Les seuls à prendre réellement position sont les pays qui soutiennent Vladimir Poutine : la Chine, l'Iran, la Corée-du-Nord. Mais tous ont communiqué seulement une fois que le retour au calme était apparent. Les apparences, Moscou en joue, le régime d'opération anti-terroriste est levé mais une fois de plus, il n'est pas sûr que les principaux acteurs de ce samedi de flottement aient eux-mêmes compris ce par quoi ils sont passés.
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