Pékin ne lâche plus Taïwan
Pékin ne décolère pas alors qu’une délégation de sénateurs français doit se rendre mercredi 6 ocotbre à Taïwan. Tout ce qui donne une existence officielle à l’île hérisse la Chine de Xi Jinping de plus en plus sourcilleuse sur la question taïwanaise.
Les précédentes visites de sénateurs français à Taïwan en 2015 et 2018 n'avaient guère plu à Pékin mais jamais entraîné de réaction aussi vive. Les menaces de représailles formulées par la Chine illustrent la sensibilité et l'agressivité accrues de Pékin sur cette question.
La Chine multiplie les incursions dans la zone de défense aérienne de Taïwan (ADIZ selon son acronyme anglais). Avions chasseurs, bombardiers H6 avec capacité nucléaire. 150 appareils ont été détectés dans cet espace depuis le 1er octobre donc en quatre jours à peine.
Une pression qui s'accentue
Alors que 380 avions militaires ont été repérés en 2020, ils sont déjà plus de 600 cette année à s'être aventurés dans la zone d'identification de défense aérienne de Taïwan. C’est un espace plus vaste que le seul espace aérien taïwanais.
L’ADIZ recouvre notamment la majeure partie du détroit de Taïwan et une partie de la mer de Chine orientale, un espace que Taïwan considère nécessaire de surveiller pour des raisons de sécurité. S’y trouve notamment l'atoll de Pratas, composé de trois îles, placé sous la juridiction de Taïwan, qui y a installé une petite base militaire. Pratas est aussi dans le voisinage de la Chine continentale, plus proche d’ailleurs des côtes chinoises que des côtes taïwanaises, un atoll revendiqué par Pékin.
Une stratégie de harcèlement des défenses de Taïwan
Certains stratèges n'excluent d’ailleurs pas que Pékin tente à un moment une opération militaire pour s'emparer de l'île. Nous n'en sommes pas là, ces incursions dans la zone d'identification de défense taïwanaise visent à maintenir la pression, à tester sans doute les systèmes de défense anti aériens taïwanais et bien sûr les réactions de la communauté internationale. De là à imaginer qu'il s'agit du prélude à l'invasion de Taiwan... Aucun analyste n'y croit vraiment pour l'instant du moins.
Pour autant, Taipeh s'inquiète. La présidente taïwanaise met en garde dans une tribune contre les conséquences catastrophiques pour Taïwan mais aussi pour la région si la Chine passait à l'acte
Tsai Ing-wen, farouchement attachée à la souveraineté de son territoire rejette le principe d'une seule Chine. Ce geste écrit-elle dans une tribune signerait la victoire de l'autoritarisme sur la démocratie. Et de rappeler que Taïwan fera tout pour défendre sa démocratie et son mode de vie.
Un gros mensonge
Mais il est indéniable que la Chine tente à tout prix d'isoler l'île. Chantage et représailles commerciales envers Taïwan, intimidations envers les pays qui reconnaissent ou établissent des relations avec l’île, voire diplomatie du carnet de chèque pour séduire les États qui seraient tentés de sauter le pas. Pékin considère Taïwan comme sa 23ème province et martèle qu'il s'agit de la "réunifier" avec la mère patrie.
Sauf que… Taïwan n'a jamais appartenu à la République Populaire de Chine ! C'est un gros mensonge, expliquent plusieurs chercheurs, que le parti communiste chinois tente d'imprimer dans les cercles diplomatiques. Et le PC chinois ne lâchera sans doute pas prise. Dans la Constitution de l’État chinois, promulguée en 1954 "Constitution d’un État communiste et athée", on trouve le mot sacré mais uniquement pour ce qui concerne Taïwan et son "retour" dans le giron de la "mère patrie".
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