Paris 2024 : les Jeux de 1900, quand les femmes sont autorisées à concourir pour la première fois

Les Jeux se déroulent à Paris et elles ne représentent que 2% des athlètes participants. Une victoire, mais avant tout la prise de conscience du très long combat que devra mener le mouvement sportif féminin pour obtenir la parité.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La finale double dames de tennis aux Jeux de 1924 à Paris. Aux débuts des Jeux olympiques, seules les compétitions de croquet, golf, équitation, voile et le tennis sont accessibles aux femmes. (CENTRAL PRESS / GETTY IMAGES)

Quand la diplomatie ou la politique s’invite aux Jeux olympiques. À l’approche de la cérémonie d’ouverture des JO Paris 2024, retour sur l’année 1900. Les Jeux se déroulent à Paris et, pour la première fois, des femmes sont autorisées à participer aux compétitions. Pourtant, le 14 mai 1900, au coup d’envoi des premières épreuves, l’entrée en piste des femmes dans le concours olympique est loin d’être évidente. Elles ne sont que 22 sur les 997 athlètes participants, soit seulement 2% de la délégation totale.

Mais, surtout, elles n’ont pu s’engager que dans certaines disciplines, considérées comme d’anciens loisirs de l’aristocratie : le croquet, le golf, l’équitation, la voile et le tennis. C’est d’ailleurs la joueuse de tennis britannique, Charlotte Cooper, qui apparaît dans les livres d’Histoire comme la première femme championne olympique.

Une révolution timide, car la participation des femmes est assez loin des priorités du fondateur des Jeux modernes, Pierre de Coubertin. Le baron ne s’y oppose pas vraiment, mais il ne fait rien pour. Il considère surtout que les femmes ne doivent pas pratiquer le sport en public. Un point de vue qui émane, selon certains historiens, de l’esprit chevaleresque de Pierre de Coubertin, son objectif serait de protéger les femmes des spectateurs plus motivés par un esprit lubrique que par un esprit sportif.

Mais ses propos donnent plutôt l’impression que la place des femmes aux Jeux olympiques ne s’adresse justement qu’à l’esprit lubrique du spectateur. "Je n’approuve pas personnellement la participation des femmes à des concours publics. Aux Jeux olympiques, leur rôle devrait être surtout comme dans les anciens tournois, celui de couronner les vainqueurs", disait-il.

Paris 2024 : les premiers Jeux avec une stricte parité

Il faudra donc beaucoup d’énergie, notamment celle d’Alice Milliat, première dirigeante du sport mondial féminin, pour tenir tête à Pierre de Coubertin. Mais là encore, lorsque cette Française, championne de nage, d’aviron, de hockey sur gazon et pionnière du football féminin, envisage en 1920 des Jeux olympiques féminins, le baron de Coubertin s’y oppose. Il répète depuis longtemps qu’une "petite olympiade femelle représenterait trop de travail pour les organisateurs".

Les organisateurs de Paris 2024 auront donc beaucoup de travail. Ces Jeux sont les premiers de l’Histoire olympique à afficher une stricte parité, ils comptent autant de femmes que d’hommes sur les 10 500 athlètes qualifiés. Mais tout a été très lent. Ce n’est qu’en 2007 que la charte olympique rend obligatoire l’organisation d’épreuves féminines dans tous les sports. Et ce n’est qu’en 1991 que l’administration suprême du monde olympique, le Comité international olympique (CIO), a ouvert ses portes aux femmes.

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