Nouvelle poussée de fièvre à la frontière entre la Serbie et le Kosovo
La région du Nord Kosovo, près de la frontière serbe, est un baril de poudre, conséquence d’un conflit non réglé depuis 15 ans. Les poussées de fièvre y sont récurrentes. Ce dimanche 25 décembre, des tirs ont été entendus dans cette région à forte minorité serbe, des Serbes qui refusent d’obéir au gouvernement de Pristina, la capitale du Kosovo. Impossible de savoir qui sont les auteurs des tirs : les médias serbes et kosovars donnent des versions contradictoires. Et les forces de l’Otan sur place se refusent à commenter. Une certitude en revanche : la Serbie affirme que la région est "au bord du conflit armé". Et ce 25 décembre au soir, elle a envoyé son chef d’état-major près de la frontière. Côté kosovar, des milliers de membres de la minorité serbe ont manifesté à nouveau ces dernières heures. Et ils bloquent les postes-frontières depuis maintenant 17 jours, avec des camions placés en travers des routes.
Ce qui a mis le feu aux poudres au départ, c’est la volonté du gouvernement kosovar d’imposer des plaques d’immatriculation du Kosovo à tous les habitants, y compris les Serbes. S'en sont suivies des démissions en série de policiers, de magistrats, de fonctionnaires serbes dans la zone. Depuis, un compromis a été trouvé sur cette question des plaques d’immatriculation, mais un policier reste incarcéré. Et il y a tout un tas d’autres contentieux, par exemple sur les cartes d’identité ou l’organisation d’élections locales.
Le refus serbe de reconnaître l'indépendance du Kosovo
Le fond du sujet, c’est l’indépendance du Kosovo, jamais reconnue par la Serbie. Le Kosovo a proclamé son indépendance en 2008, après une décennie de guerre. Le pays est à peine plus grand qu’un département français, il compte deux millions d’habitants, en très grande majorité des Albanais, et aussi 120 000 Serbes, en particulier dans cette région Nord du pays. Le statut de ces Serbes du Nord Kosovo demeure la source principale des tensions. Le Kosovo a été reconnu par la plupart des pays européens, dont la France. Mais cinq pays s’y refusent toujours, notamment l’Espagne et la Grèce. Pas davantage de reconnaissance par l’ONU, la Russie s’y oppose, et donc pas de reconnaissance par la Serbie.
A Pristina, le nouveau gouvernement kosovar trouve que tout cela a assez duré. Pour lui, il n’y a plus à revenir sur le statut des Serbes du Kosovo et la question de l’indépendance n’est plus en débat. Pristina vient d’ailleurs, il y a dix jours, de déposer une candidature officielle d’adhésion à l'Union européenne. Mais pour la Serbie, rien ne sera réglé tant que le statut des Serbes du Kosovo ne sera pas réexaminé.
Un face à face à distance entre l'OTAN et la Russie
Au milieu, il y a donc des forces de l'Union européenne et de l’Otan : 3 750 soldats de la KFOR, le contingent de l’Otan, en plus de la force de police européenne Eulex. Le patron de la KFOR sur place estime disposer des moyens suffisants pour assurer la sécurité dans la zone. Mais il ne veut pas prendre le risque de faire dégager les routes. Parce que la situation peut vraiment dégénérer à tout instant. D’autant qu’à l’arrière-plan, il y a donc la Russie, soutien de la Serbie. Et Moscou pourrait trouver un certain intérêt à souffler sur ces braises sur le sol européen.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.