Narendra Modi veut changer le nom de l'Inde en "Bharat" et offusque l'opposition
Le sujet est pris très au sérieux en Inde. Le nom Bharat est présenté comme le point d’orgue, en quelque sorte, de la politique nationaliste de Narendra Modi. En observant les médias indiens depuis mardi 5 septembre, on comprend que le projet de changement de nom du pays provoque un débat passionné, parfois injurieux, qui sombre souvent dans la cacophonie.
Le BJP, le parti nationaliste hindou, est à la manœuvre aujourd’hui pour défendre le nouveau nom de "Bharat". Il n'est pas si nouveau d’ailleurs, puisque comme le rappelle un avocat à la Cour suprême, les deux noms sont inscrits dans la constitution depuis 1949 : "'Bharat, c’est-à-dire l’Inde, sera une nation d'État', voilà ce que dit précisément la Constitution de 1949 réunissant le nom, issu d’anciens textes hindous, et l’Inde ou Indus (région de l’est) à laquelle se référait les colons britanniques."
Un nettoyage de l’héritage colonial anglais et moghol
Si "Bharat" et "Inde" sont possibles, on se demande alors pourquoi un tel séisme est arrivé. Tout est parti du carton officiel d’invitation au dîner des chefs d’Etat du G20 qui débutera ce week-end à New Delhi. Sur ce bristol, en lettres d’or, l’organisateur du dîner est présenté comme "le président du Bharat". D’après les adversaires politiques de Modi, il s'agit d'une attaque directe puisque le bloc d’opposition s’est lui-même baptisé India.
Le gouvernement serait sur le point de passer à l’action, puisque les opposants affirment qu’une résolution sera présentée par les partisans de Modi lors d’une prochaine session extraordinaire du Parlement, une session convoquée à la fin du mois et dont les contours sont encore très imprécis. Les rumeurs sont parties de là, mais en réalité, tout cela s’inscrit dans l’entreprise de nettoyage de l’héritage colonial, concrétisée par Modi. Depuis son arrivée en 2014, de nombreux lieux, des villes, des routes ont été modifiés. Modi est allé jusqu’à débaptiser des noms islamiques datant de l’empire moghol.
Ce n'est pas le premier pays à vouloir s’affranchir de son passé colonial. Très récemment en 2022, et pour d’autres raisons, la Turquie a obtenu des Nations Unies de s’appeler "Türkiye" puisque le terme anglais "Turkey" désignait aussi et surtout une dinde. Mais en Afrique, dans les années 1960-1970, presque toutes les anciennes colonies ont changé de nom. Par exemple, le Dahomey est devenu le Bénin, la Haute-Volta le Burkina Faso. À son tour, le Premier ministre indien Narendra Modi, lui, veut imposer le seul nom de Bharat.
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