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Londres-Birmingham en 49 minutes : au Royaume-Uni, le train à grande vitesse est sur les rails

Au Royaume-Uni, Boris Johnson a donné son feu vert à un projet de train à grande vitesse, "High Speed 2" : un projet colossal - et contesté - qui doit relier Londres, la capitale, aux villes du nord du pays. Première phase en 2028, si le calendrier est respecté.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Boris Johnson visite le chantier du High Speed 2. (EDDIE KEOGH / POOL)

Ce projet de train à grande à vitesse doit permettre de relier Londres à Birmingham (en 2028 ou 2031... si tout va bien). La deuxième phase, qui prolongera la ligne plus au nord, reliera la capitale britannique à Leeds d'un côté, Manchester de l'autre (ouverture prévue en 2035-2040).

"High Speed 2" sera alors la deuxième ligne à grande vitesse du Royaume Uni, qui pour l'instant n'en compte qu'une : celle qui est empruntée par l'Eurostar au sud du pays. Elle fera gagner jusqu'à une heure par rapport aux lignes classiques, notamment entre la capitale britannique et Manchester.

Un projet à 100 milliards de livres

Le parcours est extrêmement complexe : il implique de détourner des cours d'eau, de creuser de longs tunnels (jusqu'à 16 kilomètres pour l'un d'entre eux), ou d'acheter du foncier à des tarifs très élevés, notamment dans la capitale. Les rails, eux, sont conçus pour faire rouler des trains à 360 km/h, plus vite que partout ailleurs en Europe.  

C'est simple, il n'y a à ce jour sur le continent aucun chantier ferroviaire aussi ambitieux. Sauf que les coûts ont été sous-estimés et qu'au global la facture devrait représenter le double des premières estimations en 2015, soit plus de 100 milliards de livres (quasiment 120 milliards d'euros) selon un rapport commandé par le gouvernement en août 2019.  

Boris Johnson, qui admet avoir pris "une décision controversée et difficile" dénonce "des erreurs de gestion" qui n'enlèvent rien, selon lui, à la valeur du projet. Il promet une surveillance financière plus serrée et propose de nommer un ministre dédié, qui sera donc uniquement chargé de superviser les travaux.

Un projet qui menace l'environnement ?

En dehors des milieux d'affaires - et du parti travailliste - le TGV britannique suscite beaucoup de réserves, notamment parmi les organisations de défense de l'environnement, qui dénoncent un impact irréversible sur les habitats naturels et les espèces menacées.

Mais ce sont surtout les députés - conservateurs - qui protestent. Souvent issus d'anciens bastions travaillistes qui ont basculé dans le camps conservateurs lors des élections anticipées en décembre, ils jugent que l'argent serait mieux utilisé si on s'en servait pour moderniser les infrastructures existantes, par exemple les lignes régionales, souvent vétustes et surchargées.   Boris Johnson a tenté de les rassurer en promettant d'investir dans les transports locaux : 5 milliards de livres notamment sont prévues sur 5 ans pour améliorer les réseaux de bus et les pistes cyclables.

Un pont entre l'Irlande et la Grande Bretagne

Le premier ministre britannique a demandé à ses équipes d'étudier la possibilité de construire un pont entre la Grande-Bretagne et l'Irlande du Nord. L'idée n'est pas neuve, mais il la relance ! Une idée qui a d'ailleurs ses soutiens dans la province britannique : certains responsables politiques y voient un moyen de renforcer des liens mis à rude épreuve par le Brexit. Le dirigeant du Parti unioniste démocratique (DUP), Ian Paisley, avait même demandé en décembre au Premier ministre de construire un "Boris Bridge".  

Mais la faisabilité du projet est incertaine, compte tenu du vent et de la profondeur des eaux dans ce bras de la Manche, qui mesure 19km à son point le plus étroit. Les quantités de munitions jetées au fond de la mer après la Deuxième Guerre mondiale risquent aussi de compliquer les travaux.

Boris Johnson a déjà un passif tristement célèbre en matière de ponts: lorsqu'il était maire de Londres, il avait lancé un grand projet de "pont-jardin" au-dessus de la Tamise. Projet abandonné après des travaux financés à hauteur de... 63 millions d'euros. 

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