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Liban : Jean-Yves Le Drian dans le sérail beyrouthin

L'envoyé personnel du président Emmanuel Macron pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, démarre mercredi sa mission à Beyrouth. Objectif : débloquer l'élection d'un nouveau président après des mois de vide politique.
Article rédigé par franceinfo, Christian Chesnot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jean-Yves Le Drian, ancien ministre des Affaires étrangères et de la Défense, nommé le 7 juin ""envoyé personnel" du président Emmanuel Macron pour le Liban. (GEORG WENDT / POOL / EPA/DDP POOL)

Jean-Yves Drian, ancien patron du Quai d’Orsay, plonge dans un sérail libanais complètement paralysé, où les enjeux locaux, régionaux et internationaux parasitent l'élection d'un nouveau locataire au Palais de Baabda depuis octobre 2022.

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Sur place, l'envoyé personnel du chef de l'État entame, mercredi 21 juin, une tournée des popotes pour mesurer l'étendue du blocage. Le parlement libanais a déjà échoué d12 fois à élire un successeur à Michel Aoun. La feuille de route de Jean-Yves Le Drian ressemble à une mission impossible, mais il dispose malgré tout de quelques atouts dans sa manche. Il connaît bien le personnel politique libanais qu’il a fréquenté quand il était ministre des Affaires étrangères et bénéficie d'un certain appui international. On reconnaît à la France une forme de prééminence historique dans la gestion du dossier libanais.

Lors de la rencontre entre Emmanuel Macron et le Prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman à l'Élysée vendredi dernier, les deux dirigeants ont appelé "à mettre rapidement un terme à la vacance politique" . Sachant aussi que l'Arabie est en train de normaliser ses relations avec l'Iran, les lignes pourraient bouger à Beyrouth. Mais Jean-Yves Le Drian devra s'armer de patience dans sa mission.

Un consensus introuvable ?


Le blocage actuel est lié au mode de gouvernance politique au Liban qui est résumé dans la formule de "démocratie consensuelle". Le président de la République, qui est un poste réservé aux maronites, n'est pas élu au suffrage universel direct mais par l'ensemble des 128 députés, ce qui signifie qu'il doit être adoubé par les chrétiens mais aussi par les parlementaires musulmans. Or, le parlement est, en plus divisé, entre le camp des souverainistes, anti-syrien et anti Hezbollah, qui propose le nom de Jihad Azour, un cadre du FMI, et celui proche du parti de Dieu allié à des forces chrétiennes qui soutient, lui, la candidature de Sleiman Frangié, un baron politique local proche de Bachar Al-Assad.

Paradoxalement, la France a soutenu cette candidature Frangié en la liant avec la nomination d'un nouveau Premier ministre sunnite. Une formule du "2 en 1" qui a fait long feu. Désabusés, les Libanais voient arriver Jean-Yves Le Drian avec fatalisme et indifférence car ils ne se font guère d'illusion sur ses chances de succès. La seule chose qu'ils attendent vraiment avec impatience, c'est l'arrivée d'un à deux millions d'expatriés libanais qui vont débarquer cette été à Beyrouth, les valises pleines d'argent liquide, comme une bouffée d'oxygène à une économie locale moribonde. Une façon aussi de leur remonter le morale, au moins le temps d’un été.

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