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Le Mexique a voté dans un climat de grande violence

Les élections législatives dans ce pays d'Amérique Centrale ont été marquées par un recul du parti de gauche au pouvoir, et surtout par de multiples assassinats.

Article rédigé par franceinfo
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Des électeurs font la queue pour voter tandis que la police monte la garde dans un bureau de vote à Ayahualempa dans l'État de Guerrero (6 juin 2021). (PEDRO PARDO / AFP)

A la télévision, ce qui suit serait précédé d’un avertissement : attention ces images pourraient choquer la sensibilité des jeunes téléspectateurs. Le scrutin de ce dimanche 6 juin a vu se produire des scènes hallucinantes dans un pays théoriquement en paix. A Tijuana au Nord, dans deux bureaux de vote distincts, des électeurs se sont approchés des urnes pour y jeter des têtes humaines, décapitées. Dans l’un des deux cas, il y avait aussi d’autres restes humains démembrés, déposés dans une boite à côté de l’urne. Dans le Sud cette fois, dans l’État du Chiapas, 5 responsables d’un bureau de vote ont été tués lors d’une embuscade alors qu’ils transportaient du matériel électoral. Une extrême violence propre à dissuader bon nombre des 95 millions d’électeurs mexicains de se rendre aux urnes. Ils devaient choisir à la fois leurs 500 députés et aussi 15 gouverneurs d’Etat, de très nombreux maires, et des milliers d’élus locaux.

90 responsables politiques assassinés

C’est à l’image du climat qui a prévalu pendant toute la campagne électorale avec notamment de nombreux assassinats d’hommes politiques: pas moins de 90 responsables politiques ont été assassinés en quelques mois, dont 36 qui étaient candidats à l’un des scrutins de ce 6 juin. Et il faut ajouter les agressions contre les militants, plus de 500 en 6 mois.Certains meurtres ont été particulièrement spectaculaires, par exemple à Cajeme dans le Nord-Ouest du pays, où l’un des candidats à la mairie, Abel Murrieta a été abattu le mois dernier, à bout portant, au milieu d’une rue très fréquentée. Les menaces ont également conduit des candidats ou des candidates à se retirer dans l’État de Jalisco, à l’Ouest du pays. Le plus souvent, ces assassinats ou ces intimidations sont le fait des cartels de la drogue. Ces cartels, notamment celui qui se fait appeler "Jalisco Nouvelle Génération", cherchent généralement à limiter l’alternance politique, parce qu’ils veulent éviter de devoir renégocier leurs passe-droits avec les pouvoirs locaux. Les journalistes sont également visés, le Mexique est devenu l’un des pays les plus dangereux au monde pour la presse : 8 reporters assassinés l’an dernier.  

L'échec du président Amlo

Cette situation a influé sur le résultat des élections parce que c’est l’un des échecs du président en place, Andres Manuel Lopez Obrador, Amlo comme tout le Mexique le surnomme, un homme de 67 ans qu’on pourrait qualifier de "populiste de gauche". La violence ne recule pas, violence politique comme violence tout court : 34.000 homicides l’an dernier dans le pays. Le président a beau avoir promis un renforcement de la sécurité dans les régions les plus dangereuses et une meilleure coordination des polices locales et nationales, le nombre d’agressions continue d’augmenter. Et 90% des crimes sont classés sans suite. Amlo est aussi régulièrement accusé de vouloir passer des accords avec les narcotrafiquants. Si on ajoute que le bilan du pays est très mauvais sur la pandémie (230.000 morts), on comprend mieux le verdict des urnes. Le président mexicain sort du scrutin affaibli : son parti, Morena est en recul, crédité d’environ 200 sièges sur 500. Et même avec ses alliés, il ne possèdera plus la majorité des 2/3 qui lui est nécessaire pour faire passer ses principales réformes.  

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