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La pollution a fortement baissé en Inde, pour la première fois depuis près de 40 ans

La baisse des émissions de dioxyde de carbone est spectaculaire en avril, en raison du confinement et de l'arrêt des centrales à charbon.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Une ouvrière travaille dans un jardin de thé, avec un masque lors d'un confinement imposé à la suite de la pandémie de coronavirus, à la périphérie d'Agartala, capitale de l'Etat nord-est de Tripura, en Inde. Photo d'illustration. (ABHISEK SAHA / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Ces dernières semaines, vous avez sans doute vu ces images de New Delhi pour une fois sous un ciel clair, ou de l’Himalaya visible depuis la plaine indienne. Ces indicateurs visibles de la baisse de la pollution, sont désormais confirmés par les statistiques officielles du réseau électrique indien et du site environnemental spécialisé Carbon Brief. Les chiffres sont impressionnants : en avril, les émissions de dioxyde de carbone étaient de 30% inférieures à celles d’avril 2019 ! En mars, la baisse était déjà de 15%. Et c’est la première fois depuis 37 ans que ces émissions de CO2 sont en baisse. Dans les grandes villes, l’évolution est encore plus spectaculaire : par exemple le taux de particules fines à New Delhi était en avril 20 fois inférieur au pic atteint en novembre dernier, lorsque certains avions avaient même dû renoncer à se poser dans la capitale indienne. C’est évidemment une conséquence directe de l’arrêt de l’économie dans ce pays d’un milliard 300 millions d’habitants. Plus de voitures, plus d’avions, donc une consommation d’essence en baisse. Et surtout une chute drastique (30% là aussi) de la consommation d’électricité liée aux centrales à charbon, les plus polluantes. Par exemple, dans la région de New Delhi, 11 des 12 centrales à charbon ont réduit voir cessé leur activité.  

Les énergies renouvelables moins chères que le charbon

Cette évolution était en réalité enclenchée avant le confinement, timidement enclenchée, mais enclenchée. Déjà l’an dernier, la consommation en charbon avait légèrement baissé en Inde : moins 2% alors que dans le même temps, la demande globale d’électricité était en hausse de 7,5%. En fait, c’est la part des énergies renouvelables (solaire, éolien) qui a augmenté, d’autant plus que leur coût a baissé : selon le rapport de l’ONG Carbon Brief, le kilowatt heure produit par du solaire revient désormais, en Inde, 25% moins cher que le kilowatt heure produit par du charbon. Pourquoi ? Parce que le coût d’entretien est plus faible à moyen terme, une fois que l’installation est faite. Le phénomène s’est encore accéléré pendant cette période de confinement, et le gouvernement indien pourrait donc être tenté d’accroitre ses investissements dans les énergies renouvelables.    

Le risque d'une nouvelle poussée de la pollution avec la relance économique

Cela dit, la sortie de confinement s’engage également en Inde, donc la consommation de charbon pourrait repartir; le premier ministre Narendra Modi doit préciser ce mardi 12 mai les modalités de déconfinement. Ce n’est pas simple parce que le pic de l’épidémie ne semble pas atteint en Inde ; le pays compte pour l’instant 2300 morts, ce qui est peu à l’échelle de sa population, et les épidémiologistes évoquent plutôt un pic fin juin début juillet. En même temps, l’économie a impérativement besoin de redémarrer, donc assouplissement. Les trains inter-régionaux ont repris partiellement ce matin. Le risque de voir la pollution repartir à la hausse est donc très fort. C’est d’ailleurs ce que l’on constate déjà en Chine : selon Greenpeace, la pollution toxique est de retour dans plusieurs grandes villes chinoises, avec le début de relance de l’économie. Et ça ne va pas s’arranger puisque le pouvoir chinois envisage un programme de relance basé en grande partie sur des projets d’infrastructure liés aux énergies fossiles particulièrement polluantes : le pétrole, le charbon, le gaz.  

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