La plus grande mosquée d'Afrique de l'Ouest ouvre ses portes à Dakar
C’est un événement au Sénégal, et plus globalement dans toute la région : l’inauguration d'une mosquée de 30.000 places ce vendredi 27 septembre.
La foule est considérable, elle a commencé à arriver plusieurs jours avant l'ouverture avec en conséquence ce 27 septembre d’énormes embouteillages autour de Dakar et de ses trois millions d’habitants. La mosquée Massalikoul Djinane, ça veut dire "Les chemins du Paradis" vient donc d’être inaugurée en présence du président sénégalais Macky Sall et de son prédécesseur Abdoulaye Wade, et le tout sous haute sécurité : 1 600 policiers à pied d’œuvre. C’est l’aboutissement de plus de 10 ans de travaux qui ont mobilisé 2 000 ouvriers dont bon nombre de bénévoles.Le bâtiment est construit sur 6 hectares dans le quartier populaire de Colobane et il est impressionnant : cinq minarets dont le principal culmine à 78 mètres de haut, plusieurs dômes dont l’un est doré (un peu comme le célèbre Mont du Temple à Jérusalem), un lustre de 28 tonnes dans la salle de prière principale, des bâtiments recouverts de marbre de Carrare et une capacité d’accueil de 30.000 fidèles, 10.000 à l’intérieur, 20.000 sur l’esplanade.
Un coût faramineux
Le tout a coûté 30 millions d’euros, ce qui n’est pas du goût de tout le monde dans un pays où la pauvreté touche 40% de la population. En plus, les pouvoirs publics ont dû débloquer 10 millions d’euros supplémentaires pour assurer l’aménagement des environs de la mosquée, l’éclairage, la voirie, l’évacuation des eaux usées, etc. Cela dit, la mosquée elle-même a été financée en quasi intégralité par les fidèles de la confrérie des Mourides.
Un symbole de la puissance de la confrérie des Mourides
Plus de 90% des 16 millions de Sénégalais sont musulmans. Et tout cela est en effet structuré en confréries. Les deux plus importantes sont les Tidiane et les Mourides. En l’occurrence, les Mourides, dont le fondateur était un opposant à la présence coloniale française à la fin du XIXème, regroupent un bon tiers de la population du pays. Et ils constituent une vraie puissance économique. Ils sont omniprésents dans le commerce, l’agriculture, le transport, l’artisanat, les médias. Les Mourides se sont d’abord développés dans une ville du centre du pays, Touba. Cette fois, avec cette mosquée au cœur de Dakar, la capitale économique et politique, ils posent un acte fort, symbole de leurs ambitions, de leur quête d’influence, y compris au sommet de l’Etat. L’ex président, Abdoulaye Wade, était d’ailleurs un Mouride. Et il y a aussi une forte communauté mouride exilée en France.
Un rempart contre les jihadistes du Sahel
Ces confréries sont très loin de l’intégrisme. Elles sont d’inspiration soufie, donc pour aller vite, un Islam mystique de réflexion, d’entraide, de tolérance. Cela dit, la menace des groupes radicaux jihadistes du Sahel venus du Mali voisin, voire un peu plus loin de Côte d’Ivoire ou du Burkina, cette menace est réelle. Il y a déjà eu plusieurs alertes. Mais jusqu’à présent, la structuration de l’Islam sénégalais en confréries semble avoir protégé le pays de cette dérive.
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