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La Franco-Iranienne Fariba Adelkhah entame sa deuxième année de détention à Téhéran

L'anthropologue est détenue depuis le 5 juin 2019 et a été condamnée à cinq ans de prison.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four. Edité par Frederic Wittner
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah en 2012 (THOMAS ARRIVE / SCIENCES PO)

Lorsque le 5 juin 2019 elle a été arrêtée avec son collègue et compagnon Roland Marchal, Fariba Adelkhah ne pensait certainement pas qu’un an plus tard, elle serait toujours derrière les barreaux. C’est pourtant le cas. Cette spécialiste de l’Iran, anthropologue, âgée de 61 ans, rattachée au Centre de recherches internationales de Sciences Po, est toujours à la prison d’Evine à Téhéran.

Les conditions d’incarcération semblent correctes, et Fariba Adelkhah semble en bonne santé, malgré les séquelles d’une grève de la faim qui a duré 49 jours au début de l’année. Elle est notamment autorisée à passer des coups de fil réguliers à sa sœur qui habite à Téhéran. Mais il n’y a aucune perspective tangible d’une libération rapide. Fin mars, après la remise en liberté de Roland Marchal, le comité de soutien des deux chercheurs a pensé que la situation pouvait se débloquer dans la foulée pour Fariba Adelkhah. Mais il n’en a rien été. Pire, il y a trois semaines, à la mi-mai, la chercheuse franco-iranienne a été condamnée à 5 ans de prison. Pour "propagande contre le système" et "collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale."  

Des accusations floues

Derrière ces motifs pompeux, il est difficile de savoir ce que lui reprochent exactement les Iraniens. Ce n’est pas très clair. Le dossier ne contient aucun élément précis, le verdict de condamnation pas davantage ; l’accusation initiale "d’espionnage" a même été abandonnée. La chercheuse, elle, clame son innocence depuis le début.

En fait, le pouvoir iranien reproche d’abord à Fariba Adelkhah d’être ce qu’elle est : une Franco-Iranienne (et les Iraniens ne reconnaissent pas la double nationalité) et une chercheuse qui a notamment travaillé sur le port du voile (un sujet sensible en Iran). Et puis elle est un instrument: un moyen pour les durs du régime de faire pression sur la France et sur les Européens, dans le bras de fer qui oppose Téhéran à Washington sur les sanctions économiques et la reprise du programme nucléaire. Elle est en quelque sorte otage de la géopolitique.  

Une négociation forcément secrète

Les solutions sont floues. Il y a la piste judiciaire : une procédure en appel est enclenchée, elle pourrait conduire jusqu’à la Cour Suprême iranienne. Mais la probabilité que ça aboutisse est assez faible. Il reste la négociation. Forcément secrète et indirecte. On peut imaginer par exemple un éventuel échange avec un diplomate iranien retenu en Belgique, Assadollah Assadi, soupçonné d’être un agent ayant participé à un projet d’attentat contre les Moudjahiddine du Peuple, ces grands rivaux du pouvoir iranien.

Il ne fait guère de doute que Téhéran apprécierait un assouplissement de la position française sur le programme nucléaire ou sur les livraisons d’armes à l’Iran. Sauf que cet assouplissement est assez peu probable. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian reconnaissait il y a quelques jours combien ce dossier complique des relations avec l’Iran "qui ne sont déjà pas simples".   En attendant, le comité de soutien poursuit sa mobilisation, via un site Internet. Et un grand portrait de la chercheuse est mis en place, ce jeudi 4 juin, sur la façade de la mairie de Paris.    

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