L'OMS lance une nouvelle équipe d'experts pour traquer les virus
L'Organisation mondiale de la santé met sur pied une nouvelle équipe de scientifiques. Sa mission : étudier les nouveaux agents pathogènes afin d'éviter que le monde ne se retrouve pris de court comme ce fut malheureusement le cas avec le Covid-19.
Covid-19 ou SARS CoV-2 pour les scientifiques, il n'est que le dernier d'une série d'agents pathogènes qui sont apparus ou qui ont refait surface ces dernières années. Souvenez-vous : la grippe aviaire, la fièvre de Lassa, Marbourg, Ebola... Si le SARS CoV-2 est le plus récent de ces virus, met en garde l'OMS, il ne sera pas le dernier et le monde doit se préparer à de futures pandémies. Voici donc SAGO, c'est l'acronyme anglais de ce "groupe consultatif scientifique sur les origines des nouveaux agents pathogènes", 26 fins limiers sélectionnés sur 700 noms, parmi les plus prestigieux de la communauté scientifique. On trouve ainsi l’Allemand Christian Drosten, pointure en matière de virologie dans son pays, Jean-Claude Manuguerra de l'institut Pasteur, des représentants du centre américain de contrôle et de prévention des maladies (CDC) aux côtés du directeur adjoint de l'institut de génomique de Pékin.
L'indépendance en question
C'est peut-être là que le bât blesse. On sait que la Chine a empêché la précédente équipe de l'OMS d'enquêter sérieusement sur les origines du Covid, la préoccupation, légitime, est maintenant d’assurer l'indépendance de ces chercheurs. Le précédent rapport de l'OMS sur la pandémie avait déclenché les quolibets car il avait écarté sans vraiment l'explorer l'hypothèse d'une fuite accidentelle d'un laboratoire de Wuhan, pour privilégier le scénario d’une transmission du virus à l'homme par un animal infecté par une chauve-souris. Les chercheurs n'avaient d'ailleurs pu enquêter sérieusement sur place ni obtenir les sources et documents pertinents. La Chine avait fermé de nombreuses portes.
La préoccupation sur l’indépendance et la liberté de cette nouvelle équipe est d’autant plus aigüe que ces 26 scientifiques ont pour mission certes d’explorer les nouveaux virus mais aussi d'enquêter de nouveau sur l'origine de la pandémie de Covid. "Ils sont, nous dit l'OMS, la dernière chance de comprendre les origines de ce virus de manière collective et responsable. Il n'y a plus de temps à perdre". Or on sait, Pékin toujours très sourcilleux sur le sujet. Et c'est logique. Quelle que soit l'origine de la dernière pandémie, la réponse pourrait être dévastatrice pour Pékin. Même si le virus n'était pas sorti du laboratoire de Wuhan. C'est le New Yorker qui attire notre attention sur cet aspect (article en anglais). Cela voudrait dire que l'infection est passée d'un animal sauvage à un animal domestique puis à l'homme. Et c'est alors la politique agricole intensive mise en place par Xi Jinping, le numéro un chinois, qui pourrait être accusée. Le président chinois a personnellement assuré la promotion de telles pratiques agricoles qui favorisent le contact entre les hommes et les animaux sauvages.
La science confrontée à la géoplolitique
L'OMS est prise dans un combat géopolitique. Et la science se retrouve prise au piège d'une politisation croissante. La Chine refuse d’ailleurs d'autoriser l'accès à son territoire à une nouvelle équipe de chercheurs internationaux. La mission de ces 26 scientifiques va donc d'abord être de lever cet obstacle, pour que le monde tire les leçons de cette dernière pandémie afin d'en prévenir de nouvelles.
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