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L'entrée en Bourse du géant pétrolier saoudien Aramco s'annonce décevante

L'Arabie saoudite joue une partie de son avenir ce jeudi 5 décembre. Avec l’introduction en Bourse de l'entreprise nationale Aramco.

Article rédigé par franceinfo
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Une publicité pour Aramco, avant l'entrée en Bourse de l'entreprise saoudienne. (FAYEZ NURELDINE / AFP)

C’est annoncé depuis de longues semaines : Aramco fera son entrée sur les places financières le 7ème jour du 4ème mois de l’an 1441 de l’Hegire. Autrement dit le 5 décembre 2019 à la Bourse de Ryad. Au départ, l’affaire s’annonçait gigantesque, les autorités saoudiennes annonçaient "l’opération du siècle", avec une entreprise valorisée à 2 000 milliards de dollars. En ouvrant 5% du capital aux actionnaires, le pouvoir saoudien espérait donc faire entrer (c’est arithmétique) 100 milliards dans les caisses. Sauf que.. c’est un flop ! L’affaire devrait rapporter quatre fois moins : 25 milliards. Et encore, les autorités de Ryad ont forcé la main aux riches investisseurs privés du pays, comme le prince Walid Ben Talal, pour qu’ils achètent des actions. Et les particuliers ont été la cible d’une vaste campagne publicitaire pour les pousser à investir, sur le thème du devoir patriotique. Mais ils ne seront qu’environ 5 millions à avoir répondu présents. C’est relativement peu sur les 33 millions d’habitants du pays.  

Un coup dur pour les projets du prince MBS

Et tout cela a un impact sur l’avenir de l’Arabie Saoudite parce que le prince héritier MBS misait beaucoup sur cette entrée en Bourse pour faire entrer des capitaux frais. Objectif : financer ses projets pharaoniques de diversification économique. C’est ce qu’il appelle "la vision 2030" : développement des nouvelles technologies, création de nouvelles infrastructures, édification de nouvelles villes dans le désert, recrutement massif dans les services publics. Le plan coûtera des centaines et des centaines de milliards de dollars. L’entrée en Bourse d’Aramco ne va donc pas suffire, loin s’en faut.  

16% des réserves de la planète

Pourtant c’est une entreprise énorme, extrêmement rentable : Aramco, c’est un colosse. Aramco, c’est l’Arabie Saoudite. Sans Aramco, il n’y a plus de puissance saoudienne. À elle seule, l’entreprise représente la moitié du PIB du pays, 75% de ses exportations. Et 10% de l’offre mondiale de pétrole brut. Ses profits sont énormes : 100 milliards de dollars l’an dernier. Et Aramco est assis sur 16% des réserves de la planète. Il y en a pour 50 ans. D’ailleurs, même si l’introduction en Bourse ne rapporte "que" 25 milliards de demain, ça n’en sera pas moins sans doute le record mondial, au niveau du chinois Alibaba il y a cinq ans. C’est donc un flop relatif.

L'impact de l'urgence climatique

Alors pourquoi, malgré tout, ce relatif échec, si c’est une entreprise rentable ? Il y a trois raisons : la première, à l’intérieur du pays, c’est la controverse religieuse. Certains dignitaires jugent cet achat d’actions non conforme à l’Islam. La deuxième, c’est l’image dégradée de l’Arabie saoudite à l’extérieur, en raison de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi et de la guerre au Yémen. Enfin et surtout la troisième raison, c’est l’omniprésence de la question climatique. Les énergies fossiles, le pétrole en tête, ne sont plus regardées comme des placements d’avenir, vu que la lutte contre le réchauffement devient une priorité mondiale. Donc les investisseurs sont frileux.

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