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L'Argentine autorise le 1er blé OGM au monde, avec l'aide d'une entreprise française

C’est une premiĂšre : l’Argentine devient le premier pays au monde Ă  donner un feu vert Ă  la production et la commercialisation d’un blĂ© transgĂ©nique.  

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un champs de blé (non OGM) en France, en 2007. (MYCHELE DANIAU / AFP)

Il y avait dĂ©jĂ  du soja et du maĂŻs transgĂ©nique. Mais pas de blĂ©. Le grand pays sud-amĂ©ricain (quatre fois la taille de la France) est le premier Ă  le faire, en se servant d’une molĂ©cule appelĂ©e HB4, d’ailleurs dĂ©jĂ  utilisĂ©e pour le soja. Les recherches ont durĂ© plus de dix ans, initiĂ©e par une chercheuse, Raquel Chan, qui a fait son doctorat Ă  l’universitĂ© de Strasbourg.

Les tests, effectuĂ©s sur 6 000 hectares en plein champ dans une trentaine de localitĂ©s argentines, ont permis d’établir que ce blĂ© gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ© rĂ©siste mieux au stress hydrique. Autrement dit, il s’adapte mieux Ă  la sĂ©cheresse, avec un rendement de 16 Ă  20% supĂ©rieur Ă  un blĂ© traditionnel. Il a fallu demander Ă©videmment plusieurs certifications, et la derniĂšre est venue le 8 octobre du conseil national scientifique et technique Ă  Buenos Aires, le Conicet. L’Argentine devient donc ainsi le premier pays au monde Ă  faire ce choix, qui est dĂ©jĂ  controversĂ©.

La spécialité de Florimond Desprez

Une entreprise française est trĂšs impliquĂ©e dans ce dossier. En fait l’Argentine a montĂ© deux joint-ventures, deux sociĂ©tĂ©s conjointes pour mener Ă  bien ce projet. L'une avec les Etats-Unis, et l’autre avec la sociĂ©tĂ© française Florimond Desprez, qui est basĂ©e dans le nord de la France, Ă  Cappelle-en-PĂ©vĂšle prĂšs de Lille. Cette entreprise familiale, peu connue du grand public, est tout de mĂȘme la 14e entreprise de semences au monde. Elle emploie prĂšs de 1 200 salariĂ©s et travaille dans 65 pays. La recherche sur la sĂ©lection de nouveaux types de blĂ©, d’orge ou de betterave est l’une de ses spĂ©cialitĂ©s. Dans ce dossier, elle travaille en partenariat avec la sociĂ©tĂ© argentine Bioceres.  

L'enjeu du Brésil

Pour l’Argentine, l’enjeu commercial est considĂ©rable puisque le pays est le 6e exportateur mondial de blĂ© : plus de 14 millions de tonnes exportĂ©es, Ă  destination de prĂšs de 40 pays dans le monde. L'Argentine exporte encore plus de soja et de maĂŻs, mais la part du blĂ© ne cesse d’augmenter. Il y a prĂšs de 30 ans que l’Argentine a pariĂ© sur les OGM : c’est dĂ©jĂ  le premier exportateur mondial d’huile de soja transgĂ©nique et le deuxiĂšme pour le maĂŻs transgĂ©nique. Les cultures OGM occupent plus de la moitiĂ© des surfaces agricoles du pays.

L’objectif, avec cette autorisation, c’est de faire la mĂȘme chose avec le blĂ©. Et pour atteindre son but, l’Argentine va surtout devoir convaincre son grand voisin du Nord, le BrĂ©sil, de loin son premier client. En fait, le BrĂ©sil s’approvisionne en blĂ© presque exclusivement auprĂšs de l’Argentine. Le risque c’est que les BrĂ©siliens rechignent Ă  passer au blĂ© OGM. D’une part, les relations politiques entre les deux pays ne sont pas trĂšs bonnes ; d’autre part, l’idĂ©e de consommer du blĂ© OGM pourrait faire reculer les consommateurs. Plusieurs scientifiques argentins ont d’ailleurs tirĂ© la sonnette d’alarme hier en soulignant que cette autorisation de blĂ© transgĂ©nique, au-delĂ  mĂȘme des questions de santĂ©, est un pari commercialement risquĂ©.  

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