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L'Arctique russe fait face à une catastrophe écologique sans précédent

En Sibérie, la région de Krasnoïarsk, tout au nord de la Russie, est touchée par une pollution aux hydrocarbures d’une ampleur inconnue dans cette partie du monde.  

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une vue aérienne de la rivière Ambarnaïa, rougie par la fuite massive de diesel, le 4 juin 2020 près de Norilsk, dans la zone arctique de la Russie. (- / PLANET LABS INC.)

Greenpeace compare déjà cette tragédie écologique au célèbre naufrage du pétrolier Exxon Valdez il y a plus de trente ans en Alaska. Les images sont impressionnantes : la rivière Ambarnaïa, près de la ville de Norilsk, est devenue totalement rougeâtre. Depuis le vendredi 29 mai, 20 000 tonnes d’hydrocarbures se sont échappées d’un réservoir à diesel situé dans une centrale thermique à proximité. C’est l’équivalent de 350 wagons-citernes.

Vendredi 5 juin, les autorités russes affirment avoir enrayé la propagation des liquides polluants grâce à des barrages, des sortes de boudins flottants placés sur la rivière. Mais les spécialistes de l’environnement sont sceptiques : les hydrocarbures se sont sans doute déjà en grande partie dissouts dans l’eau pour atteindre le lac Piassino situé à proximité.

Jamais la zone arctique n’avait connu un accident de cette envergure. Outre la rivière, 180 000 mètres carrés de terrain ont été pollués. Les dégâts pour la faune et la flore pourraient être considérables. Le porte-parole de l’agence russe de la pêche évalue à plusieurs décennies le temps nécessaire pour rétablir l’écosystème.  

Une série de négligences

Il est un peu tôt pour déterminer avec certitude les causes de la catastrophe. Mais il y a sans doute une négligence humaine. Trois enquêtes criminelles ont été ouvertes à l’encontre de l’entreprise NTEK, qui possède la centrale thermique en question. C’est une filiale de Norilsk Nickel, une énorme société spécialisée dans l’exploitation des métaux. L’un des employés a été placé en détention. Le réservoir où se trouvaient les hydrocarbures s’est effondré vendredi 29 mai. Il semblait touché par la corrosion. Et il n’y avait aucune enceinte de confinement autour pour éviter la propagation du diesel dans la nature. En outre, il a fallu plus de 48 heures pour que les pouvoirs publics soient alertés, et encore uniquement parce que des habitants de la région ont sonné l’alarme sur les réseaux sociaux. Ce qui a d’ailleurs provoqué la colère de Vladimir Poutine. Il est intervenu à la télévision mercredi 3 juin pour dénoncer cette inertie, en interpellant vertement le patron de NTEK avec cette formule : "Est-ce que tout va bien dans votre tête ?". Le patron du Kremlin a également décrété l’état d’urgence pour pouvoir mobiliser des moyens exceptionnels.   

La fonte des glaces et du permafrost

Il y a aussi, peut-être, un effet du réchauffement climatique, parce que cette centrale est construite, comme la plupart des édifices de la région, sur le permafrost, ce que les Russes appellent le "gel éternel". Sauf qu’il n’est plus éternel. Sous l’effet du réchauffement, les glaces fondent et la terre devient instable. Régulièrement, des bâtiments menacent de s’effondrer. En l’occurrence, cette cuve à diesel semble s’être enfoncée dans le sol. L’hypothèse est d’autant plus plausible que ces derniers mois, l’Arctique a battu des records de température, plus que toute autre région au monde : 10 degrés au-dessus de la normale en mai dernier en Sibérie. Il y a 15 jours, il faisait la même température à Norilsk qu’à Barcelone ! Donc c’est peut-être l’explication, même si c’est aussi un alibi facile pour l’entreprise NTEK.    

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