Kiev totalement confinée craint autant les retombées radioactives que le Covid
Dans la capitale de l'Ukraine, le confinement, mis en place depuis 10 jours en raison du Covid, a été drastiquement renforcé, mais ce n’est pas en raison du virus. Et l’explication n’est pas plus rassurante.
La ville de 3,5 millions d’habitants est envahie depuis la nuit du 16 au 17 avril par une fumée âcre et omniprésente : un halo blanchâtre ou jaunâtre selon les heures de la journée. Et cela est dû, à la fois à une tempête de sable, et aux incendies qui sont nombreux dans cette partie nord de l’Ukraine, notamment l’un d’eux qui ravage depuis début avril la zone de Tchernobyl. Les images sont impressionnantes, avec un petit côté apocalyptique.
La société suisse IQ, qui évalue la qualité de l’air dans le monde, estimait que ce 17 avril au matin Kiev était la ville la plus polluée en particules fines sur toute la planète. Cela s’est un peu amélioré dans l'après-midi. Mais tous les habitants doivent rester chez eux et boire le plus possible pour éviter un assèchement de la gorge et des muqueuses, parce que la poussière va jusqu’à s’infiltrer dans certaines habitations. Le simple fait de mettre le nez dehors provoque des irritations, des maux de tête, des nausées. C’est ce que nous raconte notre correspondant sur place Stéphane Siohan. Les autorités ukrainiennes se veulent rassurantes : elles affirment que tout cela va se dissiper et qu’il n’y a pas de radioactivité dans l’air. Ce que confirment pour l’instant des analystes indépendants.
Le risque du Césium 137
La grosse crainte, c’est cet incendie qui ravage la zone de la centrale de Tchernobyl : 20 000 hectares, 200 km2 ont déjà brûlé dans la zone interdite autour de la centrale, qui fait au total 10 fois cette taille, le tout à environ 120 km au Nord de Kiev, près de la frontière avec la Biélorussie. Là encore, les autorités ukrainiennes se veulent rassurantes, elles affirment contrôler le sinistre, grâce à la mobilisation de 1 000 pompiers et de plusieurs hélicoptères d’eau. Mais les ONG, Greenpeace en particulier, sont inquiètes. 34 ans après l’accident qui date du 26 avril 1986, il y a deux risques potentiels. Le premier, c’est le réacteur lui-même. Il est protégé par un sarcophage, a priori résistant, mais combien de temps face aux flammes, il y a quand même un point d’interrogation. Et puis surtout, il y a le Césium 137 radioactif qui s’est déposé à l’époque sur le sol et dans les arbres, dans toute la zone interdite. Les flammes et le vent pourraient transporter ce Césium dans l’air et le déplacer ailleurs en Ukraine ou en Biélorussie.
125 morts liés au Covid-19
Dans le même temps, l’Ukraine qui est également confrontée au coronavirus : le bilan reste relativement modéré dans le pays pour l’instant : 4 660 personnes contaminées, 125 morts. Mais le nombre de personnes malades augmente. Et le pouvoir ukrainien a donc mis en place un confinement qui ressemble en grande partie à celui que nous connaissons chez nous. Les écoles sont fermées au moins jusqu’au 24 avril, tout comme les bars et restaurants, et tous les commerces à l’exception de l’alimentaire, des pharmacies et des banques.Les plus de 60 ans sont strictement confinés à domicile, les rassemblements interdits. Dans les transports en commun, il ne peut y avoir plus de 10 personnes dans un même bus ou un même tramway. Le métro est même fermé à Kiev. Et le port du masque désormais obligatoire dans l’espace public. De toutes façons, vu les scènes évoquées plus haut, personne pour l’instant n’a envie de sortir dans la rue dans la capitale ukrainienne.
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