Jair Bolsonaro ouvre la voie à une généralisation du port d’armes au Brésil
Tous les jours dans "Un monde d’avance", un coup de projecteur sur une actualité à l’étranger restée sous les radars. Aujourd’hui, direction le Brésil où le nouveau président d’extrême droite Jair Bolsonaro a signé un décret qui facilite la détention d'armes à feu.
Des millions de Brésiliens vont pouvoir porter une arme dans la rue ou à leur travail. Mardi 7 mai, le président brésilien Jair Bolsonaro a signé un décret qui facilite la détention d'armes à feu au Brésil. Savez-vous ce qu’on fait les conseillers et ministres de Bolsonaro pour fêter cette décision ? Ils ont tous posé autour du président en faisant mine de tirer au pistolet. Ça se passe comme ça désormais au Brésil. Troublante mise en scène pour l’adoption de ce décret qui était une promesse de campagne. "Par décret, nous entendons garantir le PORT d'armes à feu pour les citoyens sans casier judiciaire", avait-il déclaré le 29 décembre 2018, sur Twitter.
Por decreto pretendemos garantir a POSSE de arma de fogo para o cidadão sem antecedentes criminais, bem como tornar seu registo definitivo.
— Jair M. Bolsonaro (@jairbolsonaro) December 29, 2018
Un Brésilien sur dix autorisé à porter une arme
Le décret élargit à près de 25 professions l’autorisation quasi automatique de port d’armes. Si vous êtes député, chauffeur poids lourds, journaliste ou avocat, vous n'aurez plus besoin de la moindre justification. Vous pouvez désormais acheter librement une arme légère et vous promener avec dans la rue. Jusqu’à présent, au Brésil, la loi était très restrictive en la matière, un peu comme en France. Seulement 37 000 Brésiliens possèdent aujourd’hui un port d’armes, sur plus de 210 millions d’habitants. Avec ce nouveau décret, près de 20 millions de personnes peuvent prétendre à une arme, un Brésilien sur dix ! Chaque détenteur d’arme sera autorisé à détenir 1 000 cartouches. Et l’âge minimum pourrait être abaissé de 25 à 21 ans.
Un cadeau aux fils du président
L’argumentaire pour justifier cette décision est classique : faciliter la légitime défense contre la délinquance. Il est vrai que le Brésil est un pays violent, surtout dans les grandes villes, avec l’un des taux d’homicides les plus forts au monde : 64 000 par an, c'est à dire un meurtre toutes les huit minutes ! Jair Bolsonaro estime que cette mesure de libéralisation des armes va dissuader les agresseurs. Rien n’est moins sûr. La plupart des études démontrent le contraire : plus il y a d’armes en circulation, plus il y a de meurtres. Il y a une autre explication à la décision du président : il voulait faire plaisir à ses fils, tous des passionnés d’armes. Mission accomplie, d’autant que ce décret simplifie également l’importation d’armes étrangères, armes légères, armes automatiques, gilets pare-balles etc. En plus, l’opération va faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’État, grâce aux taxes douanières.
Les inquiétudes de l'industrie de l'armement
Tout ça ne passe quand même pas comme une lettre à la poste. Il y a une double opposition, avec deux catégories très différentes d’opposants. D’abord, il y a les associations de défense des droits de l’homme, qui craignent un bain de sang. Elles ont décidé de saisir la Cour suprême, au motif que ce décret serait inconstitutionnel. Cette réforme ne peut pas se faire par décret, disent-elles, il faut une nouvelle loi. Et puis d’un autre côté, il y a l’industrie brésilienne de l’armement, très puissante, puisqu’elle représente 4% du produit intérieur brut. La firme principale Taurus redoute l’ouverture à la concurrence étrangère. Et il se murmure que certaines entreprises, notamment israéliennes, seraient déjà dans les starting-blocks.
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