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Îles Éparses : reprise des discussions entre Madagascar et la France

Quel sera l'avenir des îles Éparses ? Les discussions ont repris lundi entre la France et Madagascar, qui revendique sa souveraineté sur cet archipel de l'océan Indien. Un sujet de tension récurrent censé s'apaiser d'ici juin 2020, pour l'anniversaire de l'indépendance.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Vue aérienne de l'île de la Grande Glorieuses, dans l'archipel des Éparses. (JACQUES WITT / AFP)

Les îles Éparses, objet d'un conflit territorial entre la Paris et Tananarive, ce sont cinq confettis posés sur l'océan Indien, cinq îles (ou archipels) minuscules éparpillés autour de Madagascar. Cinq paysages paradisiaques : plages de sable blanc, récifs de coraux et mer turquoise balayés par les alizés.

Une biodiversité exceptionnelle

Un ensemble microscopique, certes, mais à la biodiversité exceptionnelle. Car sur les îles Éparses, il n'y a pas de pollution humaine, pas d'habitants à demeure : seulement une quinzaine de militaires français qui se relaient et des missions scientifiques, venues observer les tortues vertes, les requins citron, les concombres de mer ou les sternes... plus de 2 900 espèces marines au total, pour la plupart menacées d'extinction.

Les îles Éparses, dans l'océan Indien. (GOOGLE MAPS)

Ne cherchez pas leur nom poétique sur Google Maps ! Pour trouver les îles Éparses, il faut connaître chacune d'entre elles : Les Glorieuses, Europa (qui est la plus grande, 30 kilomètres carrés), Juan de Nova, Bassas de India et Tromelin, la plus à l'est, qui elle est revendiquée par l'île Maurice.

"Ici, c'est la France"

Les îles Éparses sont administrées par la France, ce qui fait toujours débat : le 23 octobre, à l'occasion d'un déplacement dans la région, Emmanuel Macron fait escale sur la Grande Glorieuse. Le chef de l'État prononce ces mots : "Ici, c’est la France". Une déclaration qui choque les Malgaches.

Certes, au début de l'histoire, quand Madagascar est annexée par la France et devient une colonie, en août 1896, les îles Éparses font partie du lot. Mais en 1960, juste avant la déclaration d'indépendance de la grande île, Paris rattache les Éparses au ministère des DOM-TOM, les départements et territoires d'outre-mer. Résultat, Madagascar s'émancipe mais laisse son archipel sous bannière française.

Deux résolutions de l'ONU... pour rien

Malgré deux résolutions de l'ONU en sa faveur, en 79 et 80, qui demandent au "gouvernement français d’entamer sans plus tarder des négociations en vue de la réintégration des îles séparées arbitrairement de Madagascar", Tananarive se voit opposer une fin de non-recevoir chaque fois qu'elle demande à récupérer les îles Éparses.

Ancien "territoire résiduel de la République", elles font désormais partie des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) et seront bientôt classées réserves naturelles nationales.

L'enjeu n'est pas qu'une question de biodiversité. On parle aussi d'hydrocarbures : on ne connaît pas encore l'étendue des réserves, mais sous la mer il y a du pétrole et du gaz que Madagascar et la France rêvent d'exploiter... un jour.

De la même manière, les îles Éparses représentent 640 400 km2 de territoire marin (environ 6% du territoire maritime français), zone potentielle de pêche. On comprend que d'un côté comme de l'autre, personne ne veuille lâcher le morceau.

La fin du conflit en juin 2020 ?

Pourtant hier, pour la première fois, deux délégations se sont rencontrées à Tananarive, dans le cadre d'une commission mixte lancée en mai dernier par les présidents français et malgache.

Le processus est censé aboutir en juin 2020, date du 60e anniversaire de l'indépendance de Madagascar.

Hier il s’agissait surtout de prendre acte des divergences. Tandis que Paris plaide pour une cogestion des îles, Madagascar réclame toujours une "rétrocession" et parle d'une "décolonisation inachevée".

Cette rencontre, qui n'a débouché sur aucune proposition concrète, est un tout premier petit pas et les négociations promettent d’être longues. En 1990 et 2016 déjà, deux tentatives n'avaient pas abouti. La prochaine réunion aura lieu à Paris, à une date indéterminée.

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