Hong Kong : l'ouverture du procès de l'opposant au régime chinois Jimmy Lai
Le milliardaire est arrivé lundi 18 décembre au matin au tribunal de Hong Kong, en costume et amaigri. Il était souriant et a salué la foule et les membres de sa famille. Il faut dire que Jimmy Lai qui vient d'avoir 76 ans a passé les trois dernières années en prison dans un quartier de haute sécurité.
Il est emprisonné en vertu d'une loi radicale sur la sécurité nationale, imposée par Pékin en 2020, un an après les grandes manifestations pro-démocratie. Le procès va se dérouler en audience publique au cours des 80 prochains jours. Mais pour de nombreuses personnes, il devrait surtout permettre d'évaluer le niveau des libertés civiles à Hong Kong et l'indépendance de la justice vis-à-vis de Pékin. En sachant que personne ne se fait d'illusion.
Avec un grand courage, Alexandra Wong, une militante pro-démocratie de 67 ans, connue sous le nom de "Grandma Wong" ("Grand-mère Wong" en français) est venue soutenir l'accusé. Elle a brandi un drapeau britannique en criant "soutenez Apple Daily, soutenez Jimmy Lai", avant d'être écartée par la police. Apple Daily, c'est le nom du journal pro-démocratie que dirigeait Jimmy Lai dont la parution s'est arrêtée en 2021.
Jimmy Lai est dangereux pour la dictature chinoise car c'est un symbole. Il fuit la Chine communiste à l’âge de 12 ans car sa famille était en danger. Il se réfugie à Hong Kong et commence à travailler pour seulement huit dollars par mois. Ensuite, il va devenir le milliardaire que l'on connaît, à la tête d'un empire de presse : le groupe Next Media. Il possède la double nationalité, britannique et taïwanaise, ce qui signifie qu'il aurait pu fuir sans soucis. Mais c'est un militant de la démocratie qui a sans cesse manifesté pour le souvenir des victimes de la place Tiananmen et qui refuse de voir sombrer Hong Kong dans la main de la dictature chinoise.
Des soutiens du monde entier
Si Jimmy Lai est important pour les autorités chinoises, c'est parce qu'il sert d'exemple. Mettre en prison Jimmy Lai, c'est une façon de faire taire la contestation qui pourrait voir le jour à Hong Kong. Et cela se vérifie avec l'important dispositif de sécurité que les autorités ont déployé autour du tribunal, car Jimmy Lai est soutenu par les Hongkongais, mais aussi dans le monde entier.
Les Américains ont demandé aux autorités de Pékin et de Hong Kong de respecter la liberté de la presse et de "libérer immédiatement Jimmy Lai et toutes les autres personnes emprisonnées pour avoir défendu leurs droits". Il est défendu par les Anglais, David Cameron s'est dit particulièrement préoccupé par "les poursuites engagées pour des raisons politiques" contre l'ex-patron de presse. Le nouveau ministre des Affaires étrangères britanniques a appelé lui aussi à libérer Jimmy Lai.
Il est soutenu aussi par Reporters sans frontières et par plus de 100 dirigeants de médias du monde entier qui ont cosigné une déclaration au début de l'année appelant à sa libération. Il est soutenu encore par sa famille et son fils, Sebastian Lai, qui lors de son passage en France avait demandé aux Occidentaux de ne plus investir à Hong Kong, c’est-à-dire ne plus investir là où se trouvent plus de 1 500 prisonniers politiques.
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