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Guerre en Ukraine : les Nations unies semblent impuissantes dans ce conflit

L'Organisation des nations unies (ONU) semble bien discrète sur le dossier de la guerre en Ukraine. Elle devrait pourtant avoir tous les moyens pour œuvrer à la paix.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Sébastien Soldaini
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov (à droite), et le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres (à gauche), participenrt à une conférence de presse conjointe à Moscou, le 26 avril 2022. (RUSSIAN FOREIGN AFFAIRS MINISTRY / MAXPPP)

La guerre en Ukraine mobilise les forces de la diplomatie depuis plus de deux mois. Emmanuel Macron, Recep Tayyip Erdogan et tant d'autres ont tenté des médiations pour faire cesser les combats. Dans ce conflit, l'ONU apparaît impuissante à l'image de son secrétaire général Antonio Guterres. Il était mardi 26 avril à Moscou, et sera jeudi à Kiev, mais mercredi c'est "Lost in translation". Perdu. Il n'y a rien à son agenda, comme s'il lui fallait une journée pour digérer ses rencontres avec Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

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Il s'affiche enfin sur le terrain, peut-être parce qu'il sent que son institution, tour de verre au milieu de Manhattan est une tour d'Ivoire dont il doit descendre mais dont il n'y a pas grand-chose à tirer. L'assemblée générale de l'ONU a eu beau mettre une première résolution au vote début mars : 141 pays sur 193 États membres ont marqué leur opposition à la guerre. Une deuxième résolution est adoptée fin mars : 140 pays condamnent alors l'invasion de l'Ukraine, sans plus d'effet.

Quant au Conseil de sécurité, Il est purement et simplement paralysé parce qu'il n'échappe à personne qu'un des membres permanents de ce conseil n'est autre que la Russie. Elle est inamovible et par définition titulaire du droit de véto. Ce n'est donc pas demain que cet organe considéré comme central décidera d'envoyer des Casques bleus sur les bords de la mer noire. On voit mal comment Vladimir Poutine accepterait de se tirer ainsi des missiles Grad dans le pied.

L'ONU contrainte de laisser la main

La diplomatie est là pour empêcher la guerre et c'est aux soldats qu'il incombe d'y mettre fin. C'est un peu ce qui est en train de se passer : les combats ont pris le dessus, l'ONU peine à exister. Ce sont donc les organisations militaires qui s'emparent du dossier. La preuve au cours de la journée de mardi. Alors qu'Antonio Guterres écoutait poliment Vladimir Poutine jurer devant Saint-Basile qu'il prenait garde au sort des civils de Marioupol et qu'il continuait à tout faire pour trouver une issue négociée au conflit, vous aviez un grand raout sur la plus grande base américaine installée en Europe.

L'Otan n'était pas officiellement à la manœuvre, mais c'est tout comme. Tous ses membres étaient là avec une dizaine d'autres pays. À l'issue de la réunion, c'est Lloyd Austin, secrétaire américain à la Défense, qui donne du concret pour donner une impulsion aux livraisons d'armes à l'Ukraine. Face au vide laissé par l'ONU et avec ses alliés, Lloyd Austin arrive un peu comme des policiers fédéraux débarquent sur une scène de crime dans les films en disant : "FBI, on reprend l'affaire !"

L'organisation n'est pas pour autant absente du terrain

L'aspect diplomatique mis à part, l'ONU fait preuve d'efficacité et même d'une certaine agilité. Ses agences spécialisées sont très présentes sur le terrain. Le Programme alimentaire mondial est capable de fournir une aide en nature à plus de trois millions de personnes. L'Unicef et le HCR assistent les cinq millions de réfugiés qui ont fui et les sept millions de déplacés à l'intérieur de l'Ukraine. Un appel de fonds d'urgence pour un montant d'1,7 million de dollars a été lancé, la caisse se remplit à vue d'œil. C'est même inscrit sur le site Internet de l'ONU : "Priorité à la protection des civils." Comme si l'organisation avait compris que la diplomatie était peine perdue dans ce cas. En tout cas pour l'instant. C'est comme s'il y avait un écriteau sur la porte du siège new-yorkais : "Ici, on soigne les maux, pas l'origine du mal."

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