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France/Algérie : après la crise de nerfs, le dialogue ?

Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, s'est rendu à Alger cette semaine pour tenter de reprendre le dialogue après les récentes polémiques entre les deux pays sur les visas ou le système politique algérien.

Article rédigé par franceinfo, Christian Chesnot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, le 29 septembre 2021. (S?BASTIEN MUYLAERT / MAXPPP)

La France a décidé d'ouvrir avec 15 ans d'avance les archives judiciaires de la période de la guerre d'Algérie. C'est un nouveau geste de Paris en faveur de la réconciliation avec Alger, mais les irritants sont toujours aussi nombreux. Sur le fond, l'Algérie veut toujours, à défaut d'excuses, une forme de repentance de la France sur son passé colonial. Un geste qu'aucun président de la Ve République ne s'est résolu à accomplir. Dans les dossiers du passé, le pouvoir algérien insiste sur les essais nucléaires de la France dans le Sahara, des essais à ciel ouvert et souterrains.

Alger souhaite que Paris propose un plan de remédiation des sols contaminés, mais aussi indémnise les populations qui ont été exposées au rayonnement atomique. Les Algériens sont d'autant plus mobilisés sur cette question qu'Emmanuel Macron a promis d'accélérer la procédure de dédommagement vis à vis des populations de Polynésie qui, elles aussi, ont subi les conséquences des essais atomiques français dans le Pacifique. Un comité technique franco-algérien existe sur le sujet pour régler le différend. Côté français, on affirme que des propositions ont été faites, ainsi que des offres d'indemnisation, mais que le partie algérienne demanderait des sommes irréalistes, d'où l'impasse sur ce dossier des essais nucléaires.

Une tentative de dialogue

L’objectif de la visite de Jean-Yves Le Drian, le patron du Quai d’Orsay, en Algérie cette semaine, visait à reprendre le dialogue après les récentes polémiques entre les deux pays, quand des propos d’Emmanuel Macron rapportés par Le Monde dénonçaient un "système politico-sécuritaire" algérien entretenant une "rente mémorielle". Le survol de l'espace aérien des avions français de l'opération Barkhane au Mali avait été suspendu par Alger. À minima, les autorités algériennes devraient autoriser la reprise de vols médicaux d'urgence pour évacuer les soldats blessés sur le terrain. Les avions français doivent aujourd'hui faire un grand détour par le Maroc. Mais, il faudra d'autres discussions pour rétablir l'ensemble des vols militaires au-dessus de l'Algérie.

Il y a aussi la question des visas délivrés aux Algériens. La France avait décidé de les réduire en septembre dernier, en signe de protestation contre la mauvaise volonté d'Alger de récupérer ses ressortissants en situation irrégulière dans l'Hexagone. Là encore, il faudra de longues négociations. Enfin, la reprise du dialogue opérationnel dans le domaine de la coopération anti-terroriste est aussi à l’ordre du jour. Bref, comme le résume un diplomate du Quai d'Orsay : "On ne peut pas se permettre de laisser perdurer une situation dégradée entre la France et l'Algérie." Mais entre les deux pays, qui ressemblent à un vieux couple, on a l'impression que rien n'est jamais réglé, et qu'une crise de nerfs peut survenir à tout moment.

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