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Face au virus, la Biélorussie fait comme si de rien n'était

On pourrait croire que toute l’Europe est désormais confinée, à l’arrêt. Mais ce pays de l’Est du continent fait exception. Tout ou presque y continue comme avant.  

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président Alexander Lukashenko, à Minsk, le 20 décembre 2010, lors d'une conférence de presse. (SERGEI SUPINSKY / AFP)

Dans ce pays de neuf millions et demi d’habitants, entre la Pologne, l’Ukraine et la Russie, quasiment rien n’a changé depuis le début de l'épidémie de coronavirus Covid-19. Les entreprises continuent de fonctionner. Les commerces, les bars, les restaurants sont ouverts. Les crèches, les écoles, les universités le sont aussi. Le trafic automobile se poursuit.  Même chose pour les compétitions sportives : les matchs de hockey (qui sont très populaires) continuent. Les rencontres de handball et de football aussi. C’est le début de la saison de foot, là-bas, à la sortie de l’hiver. La deuxième journée de championnat de football a eu lieu dimanche 29 mars, la prochaine est prévue vendredi 3 avril. Et les supporters sont autorisés dans les stades sans aucune mesure de protection. La Biélorussie est le dernier pays au monde, avec la Birmanie et le Nicaragua, à ne pas avoir suspendu son championnat. Bref, on est très loin du confinement, même si les plus de 65 ans ont quand même été incités à rester chez eux.  

Hockey, vodka et bains de vapeur face au virus

Cette spécificité est d'abord la conséquence de la décision d’un homme, Alexander Loukashenko, qui dirige le pays d’une main de fer, Loukachenko est à la tête du pays depuis 26 ans. Et il se comporte comme un despote. La Biélorussie (là-bas on dit le Belarus) a conservé un logiciel qui ressemble à celui de l’Union Soviétique. Et Loukachenko considère que le pays a tous les moyens de se protéger contre le virus, qu’il qualifie de "psychose". Ces derniers jours, pour combattre le Covid-19, il a donc vanté, tour à tour, les mérites des bains de vapeur, de la vodka, du travail sur un tracteur et de la pratique du hockey sur glace. Il a lui-même participé à un match de hockey samedi dernier, lors duquel il a eu ces quelques mots, je cite : "Le sport c’est le meilleur des antivirus, une patinoire c’est un frigo, il n’y a pas de virus ici." Loukachenko est donc peut-être un peu illuminé, mais il a surtout deux objectifs simples : maintenir à flot l’économie du pays (elle est fragile) et bien sûr faire taire toute contestation. Tout en misant sur une infrastructure de santé réputée relativement bonne. Officiellement, le pays compte 1 052 cas, mais en Biélorussie, on ne les appelle pas "malades", on les appelle seulement "cas en observation". Et toujours officiellement, le virus n’a fait aucun mort dans le pays.    

Un journaliste arrêté pour avoir critiqué le pouvoir

Il n’est pas facile de contester le pouvoir dans un pays comme la Biélorussie.   Le 25 mars, un journaliste, Serguei Satsouk, a été arrêté après un éditorial critique sur l’attitude du pouvoir dans la lutte contre le Covid. Il a été aussitôt inculpé de corruption et il risque 10 ans de prison. La presse, malgré tout, a donc commencé à parler du virus. Les journaux télévisés consacrent des sujets à l’épidémie. Dans les lieux publics, certaines personnes portent désormais des masques. A l’entrée des stades, les personnels d’accueil prennent dorénavant la température des supporters. Et de nombreux habitants des villes se sont réfugiés à la campagne. Autant dire que les Biélorusses sont nombreux à avoir compris que leur Président leur ment. Mais ils n’ont pas d’autre choix que de se taire.  

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