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En Italie, les fantômes de Cosa Nostra ressurgissent avec la libération de l’assassin du juge Falcone

Après un quart de siècle passé sous les verrous, Giovanni Brusca, l’homme qui avait fait exploser en 1992 la voiture du juge anti-mafia Giovanni Falcone, vient de retrouver la liberté. Sa libération pour bonne conduite indigne une grande partie de l’Italie. 

Article rédigé par franceinfo - Bertrand Gallicher
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Photo d'archive de Giovanni Brusca (centre) à l'issue d'un interrogatoire à Palerme (Sicile, Italie) le 21 mai 1996 (LANNINO / ANSA)

Au début des années 90, Giovanni Brusca est l’un plus proches complices de Toto Riina, le patron de Cosa Nostra, la mafia sicilienne. Le 23 mai 1992, un cortège de trois Fiat blindées dans lequel se trouve le juge Falcone roule vers Palerme. Giovanni Brusca actionne une charge de 500 kilos d’explosifs, placée dans un tunnel d’évacuation des eaux situé sous l’autoroute. Les voitures sont pulvérisées, le juge, sa femme et trois gardes du corps sont tués sur le coup.

Arrêté quatre ans plus tard, Giovanni Brusca passe du statut d’ennemi public à celui de repenti. Il se met à table et dénonce ses anciens comparses au sein de Cosa Nostra.

La libération de Brusca met l’Italie en émoi

Trois décennies après l’attentat, Giovanni Brusca aujourd‘hui âgé de 64 ans incarne toujours "la pieuvre", le réseau mafieux qui déploie ses tentacules sur la Sicile. Et même si ses révélations à l’époque ont porté un coup sérieux à Cosa Nostra, même s’il a passé un quart de siècle en prison, aux yeux de beaucoup d’Italiens son ardoise n’est pas effacée. Car le juge Falcone n’a pas été la seule victime de Giovanni Brusca.

Les médias transalpins lui attribuent des centaines de meurtres, dont un particulièrement odieux. Celui en 1993 d’un enfant de 12 ans, Giuseppe di Matteo, fils d’un repenti, kidnappé, séquestré pendant deux ans, torturé et finalement étranglé, avant que son corps soit dissout dans l’acide. Ce qui fait dire au chef de la Ligue, Matteo Salvini : "Une personne qui a commis ces actes est une bête sauvage et ne peut pas sortir de prison."

Une classe politique indignée

L’ancien président du Parlement européen Antonio Tajani estime lui que "sa sortie de prison donne des frissons." Le numéro un du Parti Démocrate, Enrico Letta, parle de "coup de poing dans l’estomac".

Les familles des victimes de l’attentat de 1992 sont partagées. La sœur du juge Falcone (article en italien) déclare que cette libération lui fait de la peine, mais elle précise que la loi dont Brusca bénéficie avait été voulue par le juge lui-même et qu’il faut la respecter. Selon les médias italiens Giovanni Brusca sera en liberté conditionnelle pendant quatre ans.

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