En Haïti, les ambassades ferment les unes après les autres après des manifestations monstres dans le pays
Plusieurs pays ont annoncé la fermeture temporaire de leur ambassade à Port-au-Prince en Haïti pour des raisons de sécurité. Des manifestations secouent plusieurs villes haïtiennes après la fin des aides gouvernementales sur le carburant.
La situation est tendue en Haïti et la liste des pays qui décident de fermer leur ambassade s'allonge encore. Le siège diplomatique de la République Dominicaine a déclaré, dans un bref communiqué, fermer ses portes au public jusqu'à nouvel ordre en raison de la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays. L'ambassade du Canada a également annoncé sa fermeture effective depuis jeudi 15 septembre. Celle du Mexique a indiqué qu'elle resterait fermée jusqu'à nouvel ordre, tandis que l'ambassade d'Espagne a pris des mesures similaires un peu plus tôt.
Parallèlement, les grandes villes d'Haïti sont paralysées par des manifestations en réaction à la levée des aides gouvernementales sur le carburant, dans un pays frappé par une extrême pauvreté. De nombreuses routes sont bloquées, les transports publics sont arrêtés et de nombreux commerces et entreprises sont fermés par crainte de pillages. Une situation de chaos dans un pays qui s'enfonce dans la crise depuis maintenant de nombreuses années.
Un État en faillite
Le principal problème du moment, c'est la faillite de l'État. Le Premier ministre Ariel Henry a annoncé qu'il n'avait plus les moyens de subventionner le prix du diesel et du kérosène. En conséquence, les prix vont doubler et vont passer de 350 gourdes à 670 gourdes. Ramené en euros, cela veut dire que le prix va passer de 2,90 € à 5,50 €.
Si l'État se désengage, c'est parce qu'il n'a plus les moyens pour subventionner les produits pétroliers. Le gouvernement haïtien devrait débourser 9 milliards de gourdes. C'est deux fois la masse salariale mensuelle de l'État. Par ailleurs, à Haïti, 80% de ce qui est consommé est importé. Dès que les prix s'envolent dans le monde, c'est alors catastrophique dans le pays. C'est d'autant plus catastrophique que l'économie informelle est reine, c'est-à-dire l'économie qui échappe à toute régulation de l'État. En Haïti, vous dépensez le vendredi ce que vous avez gagné le vendredi. En juillet, l'inflation a été de 29 %, elle était à titre de comparaison de 4 % en France.
Pauvreté, insécurité, corruption
La société dans son ensemble est alors touchée, avec des problèmes de pauvreté, d'insécurité immenses, de corruption et des problèmes politiques tout aussi compliqués. Il ne faut pas oublier que l'ancien président Moïse Jouvenel a été assassiné l'année dernière, en juillet 2021. Ces problèmes sont tels que la rentrée scolaire a été décalée d'un mois. Elle devait avoir lieu le 3 septembre, elle a été repoussée au 5 octobre. Enfin, il faut savoir que les Haïtiens ont faim. L'ONG Oxfam parle d'insécurité alimentaire aiguë avec risque de famine. Autant dire que la colère qui commence à se faire entendre n'est ni une surprise ni terminée.
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