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En Chine, le culte de Xi Jinping commence désormais dès l'école primaire

La rentrée scolaire avait lieu mercredi 1er septembre en Chine. 200 millions d’élèves ont retrouvé leur classe, avec de nouveaux programmes dans le primaire qui célèbrent le culte du président Xi Jinping.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
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  (MAXPPP)

La rentrée scolaire avait lieu mercredi 1er septembre en Chine. Voici un aperçu du style de consigne donné aux enseignants du primaire en cette journée de rentrée : "Vous devez planter dans les cœurs de la jeunesse l’amour du parti, du pays et du socialisme". C’est digne de la littérature idéologique des grandes heures de l’Union Soviétique sous Staline. Ou des anciens pays de l’Est, type Roumanie où on trouvait dans tous les livres d'Histoire des photos du dictateur Ceausescu jusqu’à la Révolution de 1989.

Les manuels scolaires chinois se retrouvent donc parsemés de citations de Xi Jinping sur tout un tas de sujets : du patriotisme au rôle du parti communiste, en passant par la place des citoyens et l’importance de l’armée. Dès l’âge de 6 ans, tous les élèves vont se voir inculquer la pensée du président, désormais présentée comme la référence absolue. Cela s’appelle vraiment du formatage de la pensée, dès le plus jeune âge. Et la nouveauté de cette rentrée, c’est donc la mise en œuvre de ces programmes révisés dès le primaire. Parce que la pensée de Xi Jinping ponctuait déjà les cours du collège et du lycée et bien sûr de l’université, où dans certaines facultés, on a même ouvert des instituts spécialement consacrés à l’étude de la pensée du président.

Un retour à l'époque de Mao

C’est un indice supplémentaire du culte de la personnalité du chef, en plein essor en Chine. Xi Jinping, président depuis 2013, concentre désormais la plupart des pouvoirs. Il a fait réviser la Constitution pour pouvoir rester au pouvoir indéfiniment. Et surtout il a donc mis en place une vénération du chef, qui rappelle l’époque de Mao Tse Toung.

Loin de la période Deng Xiao Ping, qui au contraire avait décentralisé le pouvoir dans les années 90. L’incarnation de ce culte de la personnalité, c’est la vénération de sa pensée, désormais inscrite dans la Constitution et donc aussi dans les manuels scolaires. La conséquence, c’est aussi que toute voix contestataire est étouffée et que tout rival, même symbolique, est écarté. On se rappelle qu’au début de cette année, le milliardaire Jack Ma, fondateur du groupe de vente en ligne Ali Baba, avait ainsi été remis au pas après une "disparition" de quelques semaines.

Trois heures maximum de jeux vidéos par semaine

Donc Xi Jinping met tout en place pour rester ad vitam æternam, y compris en modelant l’esprit des élèves. Mais ça ne veut pas dire que ça va marcher. Les tensions sociales existent dans le pays, nourries par les fortes inégalités et la hausse des prix, en particulier dans l’immobilier. Et les réseaux sociaux chinois sont souvent le réceptacle de cette grogne. Xi Jinping ne l’ignore pas. C’est pour cette raison que cette rentrée scolaire s’accompagne d’autres réformes, par exemple l’allongement de la durée de la journée d’école.

Avec l’objectif affiché de favoriser l’égalité, en limitant les cours particuliers du soir, très répandus en Chine, mais qui favorisent évidemment ceux qui peuvent se les offrir. Et puis je vous donne une dernière mesure de cette rentrée : la limitation de la durée autorisée pour les jeux vidéos en ligne. Dorénavant, ce sera 3h par semaine maximum. Game over. À la place, les jeunes Chinois pourront réviser la pensée du Président.

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