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En Centrafrique, la Russie mène une intense campagne de désinformation anti-français

Quatre militaires français de la Minusca sont en détention depuis 24 heures. Sur les réseaux sociaux, ils sont accusés d'avoir tenté d'assassiner le président centrafricain, une opération de "désinformation grossière" dénoncée par l'ONU et l'ambassade de France à Bangui.

Article rédigé par franceinfo - Carol Valade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra accueilli par Charles Michel, président du Conseil européen, et Emmanuel Macron, lors du sixième sommet Union européenne-Union africaine, le 17 février 2022. (OLIVIER HOSLET / POOL VIA AFP)

Les quatre militaires français de la Minusca (ndlr : la mission de maintien de la paix des Nations unies) ont été arrêtés à l'aéroport, alors qu'ils escortaient un général français, au moment où l'avion du président centrafricain atterrissait. Les réseaux sociaux n'ont pas tardé à connecter les deux événements et à les accuser d'avoir tenté d'assassiner le président Faustin-Archange Touadéra. L'ambassade de France à Bangui et l'ONU dénoncent une opération de "désinformation grossière". Depuis des mois, Paris se plaint des "campagnes anti-françaises" en République Centrafricaine, qui seraient téléguidées par des intérêts russes.

Avant toute communication officielle, les images de ces quatre militaires français, de leurs badges, et de leur équipement ont inondé les réseaux sociaux la nuit dernière. Des dizaines de comptes à travers toute l'Afrique les ont relayées, accompagnées du commentaire : "tentative d’assassinat du président centrafricain". Cette version a ensuite été reprise par un site d'information réputé très  proche des intérêts russes à Bangui. Une méthode qui rappelle l'arrestation l'an dernier du français Remy Quignolot, en possession d’armes de guerre, accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat et toujours incarcéré. L'arrestation des militaires intervient également au lendemain de la diffusion d’un documentaire détaillant les exactions dont sont accusés les mercenaires russes de la société Wagner, notamment en Centrafrique

Des tensions croissantes entre la France et la République Centrafricaine

Depuis 2018, les paramilitaires russes sont présents dans le pays. Ils assurent la sécurité rapprochée du président Touadéra, ils ont protégé la capitale Bangui contre une tentative de coup d’Etat et ils combattent encore aujourd'hui les rebelles aux côtés de l’armée nationale. Leur but : reprendre le contrôle des principaux gisements d’or et de diamants dans l’intérieur du pays. Ces derniers mois, plus de 200 civils ont perdu la vie selon l’ONU, mais difficile d’avoir des informations précises, car les enquêteurs des Nations unies se sont vus refuser l’accès à plusieurs sites où des massacres auraient été commis. Les Casques bleus sont régulièrement bloqués, fouillés, et même mis en joue par les mercenaires russes. A Bangui, la garde présidentielle a même ouvert le feu sur un bus de l’ONU transportant des casques bleus désarmés. 

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Peu de réactions du côté de l'ONU : "On transmet les rapports à New York, le reste, c'est politique", explique un haut gradé de la Minusca. À l'inverse, la France a fermement pris position : le président Macron accusant l’an dernier son homologue centrafricain d’être "l’otage du groupe Wagner". Paris a donc gelé son aide budgétaire et ses formations militaires. Mais la tension ne cesse de grimper entre Bangui et ses partenaires occidentaux. Le chef de la Minsuca présente en ce moment à New York un rapport accablant sur les exactions de l'armée nationale et de ses alliés russes.

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