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Égypte : vers un troisième mandat pour le président al-Sissi, malgré la très mauvaise situation économique et sociale du pays

L' élection présidentielle aura lieu en Egypte du dimanche 10 au mardi 12 décembre. Le scrutin est sans surprise et le président al-Sissi se dirige vers un troisième mandat. Mais le pays connaît sa pire crise économique, avec 40% d'inflation, et la grogne sociale ne fait que monter.
Article rédigé par Christian Chesnot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une affiche de campagne du président égyptien Abdel Fattah al-Sisi sur un marché du Caire, le 7 décembre 2023. (KHALED DESOUKI / AFP)

L'élection présidentielle, qui se déroulera en Egypte du dimanche 10 au mardi 12 décembre, n'a en soi pas beaucoup d'intérêt. Sorti en 2018 avec 96% des suffrages, et face trois autres candidats méconnus, aucun suspense n'entoure la reconduction d'Abdel Fatah al-Sissi à la présidence.

En revanche, c'est un raïs beaucoup moins flamboyant que lors des précédents scrutins qui sera réélu. En cause, une situation économique et sociale très dégradée, depuis la guerre en Ukraine. L'Égypte était en effet alors le premier importateur de blé au monde.

Une situation catastrophique depuis la guerre en Ukraine et la crise du blé

Les années Covid avaient déjà plombé le secteur touristique, l'un des piliers de l'économie du pays. Et malgré une politique de grands travaux, menée au passage par des entreprises liées à l'armées, l'Egypte traverse une phase de grande détresse. L'institut national des statistiques rapportait en septembre une hausse annuelle de 71,9% des prix de l'alimentation, de 15,2% pour les transports et de 23,6% sur l'habillement. L'Egypte a connu ces derniers mois une hausse de l'inflation, qui caracole à 40% et une dévaluation de près de 50%.  La vie quotidienne de sa population, près de 106 millions d'habitants, se dégrade jour après jour, avec un secteur privé qui se contracte et des subventions publiques qui disparaissent les unes après les autres sous la pression du FMI.

Aujourd'hui, l'Egypte est le deuxième pays du monde le plus exposé au risque de défaut de paiement, selon Bloomberg. En conséquence, les monarchies du Golfe, notamment l'Arabie saoudite et les Émirats, mettent plus difficilement la main à la poche pour renflouer les caisses égyptiennes, qui ressemblent à un tonneau des Danaïdes.

La guerre à Gaza plombe encore le tourisme et excite la révolte

Facteur aggravant, l'Égypte a la guerre à ses portes, avec la bande de Gaza pilonnée par l'armée israélienne. Il faut rappeler que depuis plusieurs années, la péninsule du Sinaï est une zone militaire fermée. L'armée égyptienne y affronte en continu des jihadistes d'al-Qaïd et de Daech. Depuis l'attaque du Hamas du 7 octobre contre Israël, la guerre s'est rallumée à Gaza, Abdel Fattah al-Sissi est sous pression de la rue égyptienne, massivement pro-palestinienne.

Cette guerre est donc pour le pays une menace l’économie égyptienne déjà à terre, avec un nouveau coup porté au tourisme, tout en revivifiant la contestation dans la rue. Après un défilé place Tahrir en octobre dernier, plus aucune manifestation de solidarité avec Gaza n'est autorisé. L'Égypte, qui a signé le premier traité de paix en 1979 avec Israël, tente de jouer les médiateurs entre les belligérants et centralise fermement l'aide humanitaire pour Gaza à al-Arish dans le nord du Sinaï.

Le maréchal al-Sissi espère sans doute profiter de sa place d'interlocuteur incontournable et récolter des bénéfices quand la guerre se terminera. Il pourra revendiquer un rôle politique entre Israéliens et Palestiniens, et surtout obtenir des aides financières des bailleurs de fonds internationaux et des monarchies du Golfe pour redonner un peu d'oxygène à une économie égyptienne en pleine déprime.

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