Calendrier Pirelli 2025 : après la parenthèse MeToo, retour de la nudité pour les modèles

Le mythique calendrier Pirelli, connu pour ses mannequins particulièrement dénudés, avait rhabillé ses modèles avec le mouvement MeToo. Voilà qu'il renoue de manière assumée avec la nudité érotisée.
Article rédigé par Julie Pietri
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Silhouette derrière un écran, dans les années 1920. Photo d'illustration. (Photo de Found Image Holdings/Corbis via Getty Images)

Le calendrier Pirelli a été lancé par le producteur de pneus Pirelli dans les années 60. Le but, dès l'origine, était de l'offrir aux gros clients en édition limitée. Au fil des années, il est devenu culte, avec ses photos de femmes, de mannequins, d'actrices dénudées, souvent très sexualisées.

Parenthèses sur "un certain désir masculin" pour suivre le mouvement MeToo

Sur fond de mouvement MeToo, Pirelli est critiqué pour son calendrier aux poses lascives, bouches ouvertes, avec des modèles le plus souvent minces, jeunes et blancs. Alors Pirelli ne veut plus entendre qu'il est le seul reflet "d'un certain désir masculin". On assiste en 2016 à un changement net. Plus de jambes écartées face à l'objectif, plus de femmes assise sur un vélo avec string rouge en latex, chaussettes de sport et talons aiguilles. Derrière l'objectif, il y a la photographe américaine Annie Leibovitz : du noir et blanc, avec des corps le plus souvent habillés. Et quand on voit beaucoup de peau, c'est pour montrer autre chose, comme le corps noir extrêmement musclé de Serena Williams ou des corps avec bourrelets. En 2017, Peter Lindbergh immortalise Julianne Moore et Nicole Kidman en débardeurs et vestes. Beaucoup de portraits, sans maquillage, donnent une autre image de la femme et de la sensualité.

Mais pour l'année 2025, Pirelli communique sur le retour du "nu" et du "sexy". Ce sont les mots employés par le photographe choisi pour cette édition : Ethan James Green, ex-mannequin, trentenaire, dont le travail sur l'identité et la sexualité est reconnu. "Quand on m'a contacté, raconte-t-il à des journalistes, invités pour assister à la séance photo sur une île de Floride, j'ai tout de suite pensé : 'Si je dois faire Pirelli, je veux faire Pirelli'."

Coup de com' sur un nu "élégant" et "contrôlé"

Du "classique" comme il dit, du "sexy", avec robes transparentes et maillots de bain minuscules : de la "sensualité", précise-t-il, mais en même temps, pas de vulgarité, "de l'élégance". "MeToo a vraiment forcé tout le monde à faire une pause, ce qui est vraiment bien", explique-t-il dans le Guardian. Mais "le moment est venu pour les célébrités, de se déshabiller", avec, assure-t-il, des modèles qui contrôlent totalement ce qu'ils mettent en avant. Ces modèles sont par exemple les acteurs de Star Wars ou de La Chronique des Bridgerton.

Mais si on épluche les calendriers de ces dix dernières années, le nu n'avait pas complètement disparu, par exemple en 2019 ou en 2023. Dans cette campagne Pirelli, il y a donc une part de "coup de com", avec l'idée que montrer son corps, se dénuder, est une prise de pouvoir par les femmes. Son porte-voix est l'un des modèles de l'édition 2025 : Elodie Di Patrizi, une chanteuse romaine qui explique dans la presse italienne que "nous sommes tous érotiques. Ça n'a rien de malsain." Le corps est ici un outil de performance comme un emblème personnel, "pour manifester mes choix", dit-elle. Le calendrier doit être présenté d'ici la fin de l'année.

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