Brésil : Jair Bolsonaro, hospitalisé, démarre mal l'année électorale
Le président d’extrême droite souffre à nouveau d'une occlusion intestinale. Un début d’année difficile pour ce dirigeant très controversé, qui entend briguer un nouveau mandat à l’automne prochain.
Jair Bolsonaro, qui était en vacances dans le sud du pays, a dû rentrer précipitamment à Sao Paulo tôt ce 3 janvier, où il a été immédiatement hospitalisé pour une occlusion intestinale. C’est sa 4e hospitalisation en trois ans, depuis qu’il a été victime d’une tentative d’assassinat au couteau pendant la campagne de 2018.
La présidence brésilienne n’a fait aucun commentaire, en revanche l’hôpital Vila Nova Star où il est soigné a diffusé une photo de lui. On le voit le pouce levé en signe de défi, mais alité avec une sonde nasogastrique. En fonction des résultats des examens, Bolsonaro, qui est âgé de 66 ans, pourrait subir une nouvelle intervention après celle déjà effectuée en juillet dernier. Il était alors resté hospitalisé une petite semaine.
Le président d’extrême droite était en vacances au bord de la mer, dans le sud du pays, lorsqu’il a ressenti des douleurs à l’abdomen. Ces vacances suscitaient d’ailleurs la controverse puisqu’il avait préféré continuer à faire du jetski ou à fréquenter les parcs d’attraction alors que la semaine dernière, la région de Bahia, beaucoup plus au nord, était ravagée par les inondations : 500 000 personnes touchées, 136 communes placées en état d’urgence.
Un duel à haut risque face à Lula
Tout cela se produit donc à l’aube d’une année électorale, parce qu’au Brésil aussi on s’apprête à voter, un peu plus tard qu’en France : l’élection présidentielle au Brésil est prévue le 2 octobre (pour le 1er tour) puis le 30 octobre en cas de second tour. Et c’est peut-être le scrutin le plus attendu, en tout cas le plus électrique et le plus polarisé de l’année 2022.
Bolsonaro semble décidé à se représenter. Et il va sans doute trouver en face de lui la grande figure historique de la gauche brésilienne : l’ancien syndicaliste et président Lula, qui a retrouvé la liberté après l’abandon des charges de corruption contre lui. Lula, qui ne s’est pas encore déclaré, part grand favori du scrutin : les enquêtes d’opinion lui donnent pour l’instant entre 10 et 20 points d’avance sur Bolsonaro. Aucun autre candidat crédible n’émerge jusqu’à présent, malgré les espoirs du centre droit et notamment du gouverneur de Sao Paulo, Joao Doria. Entre Lula et Bolsonaro, deux personnalités que tout oppose, incarnations de deux Brésil radicalement différents, il faut donc s’attendre à une campagne très dure et très tendue. Bolsonaro a d’ailleurs déjà laissé entendre qu’il ne reconnaîtrait pas sa défaite en cas d’échec dans les urnes.
Plus de 600 000 morts du Covid-19
Une nouvelle victoire de Bolsonaro paraît improbable, mais reste possible. Paradoxalement, son état de santé le sert. À chaque hospitalisation, il se pose à la fois en victime de la violence et en homme qui résiste à tout. Et puis Lula est encore plus âgé, 76 ans. Il n’est donc pas à l’abri non plus de problèmes de santé. Ensuite, les enquêtes d’opinion ne sont pas très fiables au Brésil. Et Bolsonaro peut compter sur un vrai socle électoral : l’armée, les milieux financiers, l’agrobusiness, et l’électorat évangélique, à peu près 30% de la population.
Cela dit, le bilan de Bolsonaro est mauvais, en particulier en raison de son obscurantisme dans la lutte contre la pandémie : déjà plus de 620 000 morts au Brésil. Et encore ne parle-t-on là que des chiffres officiels. Le bilan réel, selon de nombreux médecins, est au moins trois fois plus lourd.
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