Barcelone se prépare à célébrer une Journée de l'indépendance pleine d'interrogations et d'incertitudes
La grande ville de Catalogne s'apprête à célébrer la Diada ce mercredi 11 septembre, dans un climat politique très incertain.
La Diada est d'abord un énorme rassemblement qui vise, à l'origine, à célébrer la fierté de la Catalogne. Un million de personnes sont attendues mercredi 11 septembre dans les rues de Barcelone pour cette manifestation qui a lieu tous les ans à la même date. Progressivement ces dernières années, le rassemblement a été récupéré par les partisans de l'indépendance, jusqu'à la crise d'il y a deux ans, qui avait vu le référendum d'autodétermination rejeté par l'État espagnol.
Cette année encore, le slogan officiel c'est "Objectiu independencia" ("Objectif indépendance", en français). Tout le centre de la ville sera paralysé. Il s'agit d'une manifestation en étoile, dans laquelle plusieurs cortèges vont converger vers la place d'Espagne en fin d'après-midi. Il s'agit normalement d'un événement plutôt festif avec plusieurs concerts, mais le dispositif de sécurité, mis en place 24 heures à l'avance, est quand même très important parce que le climat politique reste agité.
Verdict imminent pour les dirigeants indépendantistes
La tension est d'abord liée à un verdict très attendu avec la fin imminente du procès des principaux dirigeants indépendantistes. 12 hommes, dont Oriol Junqueras, le leader du parti ERC, la "Gauche républicaine de Catalogne", sont poursuivis. Ils sont en détention provisoire depuis depuis la tentative de sécession de la région lors de ce référendum d'autodétermination il y a près de deux ans. Oriol Junqueras risque jusqu'à 25 ans de prison. Le verdict est attendu dans quelques jours, à la fin du mois de septembre ou au début du mois d'octobre, à Madrid.
Les militants indépendantistes ont de ce fait rebaptisé la journée de mercredi "Diada du procès". Ils réclament, une nouvelle fois, l'arrêt de toutes les poursuites contre les prévenus. En face, le pouvoir espagnol ne l'entend évidemment pas de la même oreille. Par exemple, le quotidien conservateur de Madrid La Razon publie ce mardi 10 septembre un éditorial intitulé "La Diada contre l'Etat central".
Des divisions des deux côtés
On a l'impression que deux ans après, ce dossier du séparatisme catalan est enlisé et il est difficile de prédire la suite. Du côté des indépendantistes, il y a des divisions entre les irréductibles liés à Carles Puigdemont qui est toujours réfugié en Belgique, et l'ERC d'Oriol Junqueras, davantage disposé à dialoguer avec Madrid. Cette situation crée des tensions entre les militants. Plusieurs figures du mouvement indépendantiste, comme Josep Huguet ou Ana Simon, ont même renoncé à défiler le 11 septembre.
L'incertitude est également du côté du pouvoir espagnol. Le socialiste Pedro Sanchez ne dispose que d'une majorité relative depuis les dernières élections. Il n'arrive pas à former de gouvernement de coalition. Et il pourrait avoir besoin des indépendantistes catalans. Pedro Sanchez marche sur des œufs et ne prend pas de position vraiment tranchée. La probabilité de nouvelles élections en Espagne début novembre est d'ailleurs assez forte. Résultat : le dossier catalan se retrouve à l'arrêt, sans solution.
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