Au Canada, les camionneurs antivax bloquent la capitale Ottawa pour le 3e jour consécutif
Tout le centre-ville est occupé par des chauffeurs poids-lourds opposés à l’obligation vaccinale. Alors que les députés font leur rentrée parlementaire.
Il s’agit de ces gigantesques trucks, ces gigantesques poids-lourds que l’on trouve en Amérique du Nord. avec leurs décorations customisées et leurs klaxons et cornes de brumes. Des milliers de chauffeurs poids lourds ont investi la capitale canadienne samedi 29 janvier, après avoir fait parfois des milliers de kilomètres, et ils ne veulent plus bouger.
Cette manifestation appelée "Convoi de la liberté" a vu converger des camions venus de tout le Canada et aussi un peu des Etats-Unis. Le convoi faisait près de 70 km de long selon certains témoignages, le tout dans la neige et le froid (moins 20 degrés). Certains chauffeurs poids lourds ont également bloqué une autoroute de l’autre côté du pays dans la Province de l’Alberta.
Objet de leur colère : l’obligation vaccinale désormais imposée (depuis le 15 janvier) pour franchir la frontière entre les deux pays, dans les deux sens, sur près de 9 000 km. Si l’on en croit l’Association des Transporteurs Canadiens, 90% des chauffeurs sont pourtant vaccinés. Mais les 10% restants ne veulent pas en entendre parler. Et à leur arrivée dans la capitale canadienne, ils ont reçu l’appui de nombreux militants anti-vaccination.
Des dérapages d'extrême droite
Cette occupation du centre d’Ottawa a un côté folkorique et bon enfant, mais elle s’accompagne aussi de multiples dérapages. Certains manifestants arborent des croix gammées ou des drapeaux des confédérés sudistes, signe de ralliement des mouvements suprémacistes blancs. Donald Trump a publiquement apporté son soutien au mouvement. Les militants d’extrême droite sont très présents sur place, et ils dénoncent la politique du premier ministre canadien Justin Trudeau, qu’ils ont rebaptisé "Kim Jong Trudeau", en allusion au dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.
La police d’Ottawa a recensé de multiples dégradations, y compris sur la tombe du soldat inconnu. Des agents de police ont été pris à partie. Et la facture de cette occupation du centre-ville est estimée au bas mot à 800 000 dollars par jour pour la collectivité. La police conseille d’ailleurs aux 900 000 habitants d’Ottawa d’éviter le centre.
Un souci politique pour Justin Trudeau
Le sujet devient embarrassant politiquement : Justin Trudeau a dû quitter avant-hier sa résidence personnelle d’Ottawa, les services craignaient pour sa sécurité. Et nul ne sait où il réside exactement depuis. Il devrait faire sa réapparition puisque ce 31 janvier marque la fin des vacances parlementaires d’hiver et la reprise des travaux à l’Assemblée au Canada. Même s'll le fera sans doute à distance puisqu'il vient d'être testé positif.
Mais au-delà de sa situation personnelle, Justin Trudeau doit surtout gérer la situation politique. Il n’avait sans doute pas anticipé que le mouvement prendrait une telle ampleur. Et les camionneurs entendent ne pas bouger d’Ottawa tant que les contraintes sanitaires ne seront pas levées. Le sujet pourrait d’ailleurs pointer aussi le bout de son nez en Europe. Puisqu’un appel similaire a été lancé aux chauffeurs routiers européens pour converger vers Bruxelles le 14 février prochain.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.