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Au Burkina Faso, un convoi de l’armée française bloqué par des manifestants

Depuis la mi-novembre, des militaires français de l'opération Barkhane sont bloqués par des manifestants qui protestent contre les attaques islamistes qui se multiplient. Ils incriminent les militaires français.

Article rédigé par franceinfo, Bertrand Gallicher
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des militaires burkinabè patrouillent près d'un véhicule militaire français stationné à Kaya (Burkina Faso), le 20 novembre 2021. (OLYMPIA DE MAISMONT / AFP)

Un convoi militaire français de l'opération Barkhane est bloqué depuis la mi-novembre au Burkina Faso par des manifestants, excédés par les attaques islamistes qui se multiplient. Paradoxalement, cette colère est dirigée contre la présence française, alors que Paris déploie des efforts considérables pour lutter contre les jihadistes. Malgré tout, comme dans d'autres pays du Sahel, une grande partie de la population burkinabè incrimine les militaires français.

Les 90 véhicules, partis de Côte d'Ivoire à destination du Mali via le Burkina et le Niger, sont stoppés à quelques dizaines de kilomètres au nord-est de Ougadougou, près de la ville de Kaya. C'est le fruit d'une décision des autorités militaires françaises, destinée à éviter toute confrontation avec des manifestants qui bloquent le passage un peu plus loin.

Le convoi transporte notamment des pièces détachées pour approvisionner la grande base militaire de Gao au Mali. Cela représente pour les militaires un trajet de plus de 1 800 kilomètres sur des routes improbables, où se multiplient souvent les pannes et les crevaisons.Le risque principal est de rencontrer des engins explosifs dissimulés au bord de la chaussée. Cela oblige l'armée à prendre des précautions, avec l'aide de la gendarmerie du Burkina. A ces difficultés s'ajoute maintenant l'hostilité d'une grande partie de la population locale.

Un convoi français objet de rumeurs

Une rumeur - nourrie par les réseaux sociaux - prétend que le convoi transporte des armes destinées aux jihadistes. Si cela est absurde, la paranoïa fonctionne, au point que les manifestants exigent d'inspecter le contenu des poids-lourds transportant le matériel à destination de Gao. Ces insinuations servent ceux qui auraient intérêt à déstabiliser l'action de la France au Sahel, comme la Russie, et se fondent sur un sophisme : l'armée française, avec tous ses moyens militaires, n'aurait pas éradiqué la menace terroriste car au fond elle ne le voudrait pas.

Cette forme de complotisme peut s'expliquer par l'exaspération de la population burkinabè, qui voit la situation sécuritaire et humanitaire se détériorer de jour en jour. Comme le résume un diplomate français, au Burkina l'hostilité envers la France traduit surtout le ressentiment contre le régime en place à Ouagadougou. Cette colère s'explique par les attaques meurtrières que subit la population, civils et militaires confondus.

Ainsi, il y a une dizaine de jours, 53 gendarmes burkinabè ont été tués dans l'assaut mené par des islamistes à Inata, dans le nord du pays, à la frontière du Niger. Depuis, les appels à la démission du président Kaboré se multiplient, parallèlement à des critiques acerbes contre la France. Les manifestants rassemblés ces derniers jours à Kaya brandissaient des pancartes "Armée française dégage" et "Libérez le Sahel". Le gouvernement burkinabè ne voudrait surtout pas voir ces injonctions prises au pied de la lettre, car il sait bien que seule la présence française permet de freiner l'offensive islamiste dans la région.

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