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L’alpiniste Luc Boisnard : "Mon pavé 2018 : dépolluer l’Everest"

L'alpiniste Luc Boisnard est l’invité de l’émission "Sous les pavés 2018". Il dénonce la pollution de l’Everest et prône la dépollution du plus haut sommet du monde.

Article rédigé par franceinfo, Olivier de Lagarde
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Un sherpa ramasse des déchets sur le mont Everest, le 23 mai 2010.  (NAMGYAL SHERPA / AFP)

LucBoisnard est un alpiniste et un chef d’entreprise mayennais engagé. En 2010, il a gravi l’Everest qui culmine à 8 848 mètres. Une ascension qu’il a souhaité "utile" il a donc organisé une opération de nettoyage du plus au sommet du monde.

Olivier de Lagarde : C’est très pollué le toit du monde ?

Luc Boisnard : C’est une véritable décharge à ciel ouvert qui date de 1920-1930 depuis la conquête de l’Everest où on avait coutume de laisser les déchets pour pouvoir redescendre au plus vite. Depuis quelques années, l’Everest est victime de son succès et est hyper commercialisé par des agences de trekking qui ont peu de respect pour la nature. Ce sont des gens non-alpinistes qui vont se frotter à l’Everest et seront peu regardant sur les conditions d’ascension et sur ce que font leurs Sherpas et notamment ce qu’ils laissent dans la nature pour descendre plus vite.

Mais comment fait-on pour dépolluer l’Everest ?

A la petite cuillère. C’est-à-dire qu’on ne peut pas mécaniser, on ne peut pas envoyer d’hélicoptère pour des raisons techniques et technologiques donc il n’y a que l’homme qui puisse dépolluer. Alors il faut monter avec des sacs à dos vides à 6000 mètres, voire 8000 mètres dans la zone de la mort. Collecter les déchets et redescendre. C’est quatre jours d’ascension allé, trois jours de descente. En bas on collecte et après on peut mettre des opérations d’évacuation en place, mais toujours pas l’hélicoptère. Le yack est beaucoup moins cher que l’hélicoptère.

Vous avez commencé la dépollution, mais est-ce que ce n’est pas une goutte d’eau dans l’océan ?

C’est à la fois significatif et à la fois une goutte d’eau dans ce qui reste sur les deux faces d’accès. Nous on a redescendu une tonne en 2010 c’était une première expédition française sur ce versant de l’Everest. Il reste quinze tonnes, trente peut-être. Et j’ai des amis qui ont monté "Everest Green 2017" et ils eux ont redescendu cinq tonnes.

Pourquoi dépolluer l’Everest c’est important ?

L’Everest c’était pour moi un geste fort comme tout alpiniste qui se respecte je voulais grimper le plus haut sommet de la planète, mais j’ai voulu le faire différemment, de manière contributive. Donc j’ai pensé que monter une opération de nettoyage de l’Everest en parallèle de la tentative d’ascension était une bonne chose. Maintenant, il n’y a pas que l’Everest à dépolluer, il y a toute la planète. Notamment au Népal. Mais le pays est extrêmement pauvre donc les préoccupations liées à la protection de l’environnement sont très loin de leurs principales préoccupations qui sont de faire vivre leurs familles. Donc on arrive avec nos préoccupations d’Occidentaux mais en même temps on fait vivre l’économie du pays avec des actions environnementales et pas seulement en allant monter l’Everest.  

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