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Transport maritime : le potentiel écologique d’un secteur décrié

À l’occasion du "One Ocean Summit", qui s’est tenu à Brest du 9 au 11 février 2022, des représentants d’états, ONG et industriels se sont réunis avec un objectif clair : mobiliser la communauté internationale afin d’agir pour la protection des océans.

Article rédigé par franceinfo, Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La voie des mers est un incontournable de la logistique. La société Energy Observer a déjà effectué un tour du monde avec un premier navire en autonomie énergétique, sans émission de particules, ni de gaz à effet de serre. (ENERGY OBSERVER)

Réduire rapidement les pressions anthropiques que subissent les océans, c'est ce qui a mobilisé les représentants de la communauté internationale lors du "One Ocean Summit" à Brest du 9 au 11 février. Parmi les sources de stress, le secteur du fret maritime prend déjà la tâche très au sérieux.

La voie des mers est un incontournable de la logistique. Près de 90% des marchandises, à ce jour, sont transportées par les océans. Pourtant, elles ne représentent qu’environ 3% des émissions globales de gaz à effet de serre. Ainsi, malgré les volumes de biens en jeu, la voie maritime présente des avantages conséquents. En effet, ramenée à la tonne transportée au kilomètre, elle est au minimum 60 fois moins polluante que la route, en termes d’émission de CO2.   

Une dépollution nécessaire  

Outre le CO2, l’utilisation massive du fuel lourd, en tant que combustible moteur, pose problème, car il émet d’importantes quantités d’oxydes de soufre, très dommageables pour la santé. Ces oxydes seraient responsables de 100.000 décès prématurés par an, selon l’organisation maritime internationale (OMI), qui a récemment imposé un seuil d’émissions visant à une réduction drastique de ce type de pollution.

L’OMI encourage ainsi les acteurs du secteur à investir dans des technologies moins polluantes. Un des leaders mondiaux, l’armateur français CMA-CGM a pris les devants, avec l’utilisation de gaz naturel liquéfié dès aujourd'hui, et dans un futur proche, avec de l’hydrogène.

La société Energy Observer, qui a déjà effectué un tour du monde avec un premier navire en autonomie énergétique, sans émission de particules, ni de gaz à effet de serre, l’Energy Observer, a annoncé la création d'un prototype de cargo à hydrogène de 120 mètres de long, 22 mètres de large et quelque 5.000 tonnes transportables.

"La flotte mondiale utilise aujourd’hui de vieilles machines thermiques (fortement polluantes). Notre ambition, c’est de décarboner la mobilité lourde, et le monde dans lequel on est."

Victorien Erussard, président d'Energy Observer

à franceinfo

Il ajoute que l’Energy Observer 2 incarne une potentielle avancée considérable, qui peut prendre le pas de cette catégorie de navires, qui représente aujourd’hui environ 37% de la flotte marchande mondiale.

La France sur le devant de la scène

Energy Observer 2 sera aussi le fruit de la collaboration avec des fleurons de l’industrie tricolore, comme le français Air liquide, leader mondial des gaz industriels. Il va fournir de l’hydrogène vert, fabriqué par électrolyse à partir d’énergies renouvelables, et stocké sous forme liquide, soit à - 256°C. Outre une propulsion zéro émission, ce système offre un silence précieux pour la faune marine.

“Le moteur électrique fait beaucoup moins de bruit qu’un moteur diesel. Là, nous avons de l’hydrogène, un gaz qui va alimenter une pile à combustible, qui elle-même va alimenter un moteur électrique. Au final, ça fait beaucoup moins de décibels dans l’eau", souligne Matthieu Giard, vice-président d’Air Liquide, en charge des activités hydrogène.

La gestion du bruit est cruciale, car les mammifères marins communiquent entre eux par le son, qui se propage dans l’eau à plus de 5.000 km/h. Des bateaux moins bruyants diminueraient, de fait, les perturbations des cycles migratoires de ces animaux.   

Un vent de changement  

Ce navire en projet sera également équipé de voiles en forme d’aile d’avion. Au-delà de l’économie d’énergie, de l’ordre de 10 à 20%, l’exploitation d’une force propulsive éolienne présente un potentiel économique significatif.

"L’énergie du vent est gratuite et disponible partout. Il y a un investissement à faire, mais une fois cet investissement amorti, le bénéfice propulsif est entièrement gratuit", précise Marc Van Peteghem, architecte naval, collaborateur de l’Energy Observer 2.

Ces avancées sont une grande opportunité pour le secteur, mais également une nécessité pour l’environnement marin, qui fait face à une progression extraordinaire du transport maritime. Celui-ci devrait quadrupler d’ici 2050.  

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