La mobilité des séniors

Rien qu’en France, 1 million et demi de personnes âgées souffrent d’isolement et d’après l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), on dénombre 3.000 suicides par an chez les plus de 65 ans. L’autonomie des personnes vieillissantes, est un vrai problème.

Ceci pose le problème du permis de conduire qui, certes offre une liberté et une autonomie, mais est-ce raisonnable de conduire jusqu’à n’importe quel âge sans visite médicale ?

En fait, pour juger de leur réelle aptitude il faudrait placer les conducteurs dans leur voiture et leur environnement en situation réelle, c’est compliqué et cher ! Et à partir de quel âge faudrait-il le faire ?

Actuellement la moitié des plus de 65 ans conduisent encore tous les jours, et 9 conducteurs sur 10 de plus de 72 ans prennent le volant au moins une fois par semaine, on sait donc que statistiquement, ils n’ont pas plus d’accidents que les autres ! Et surtout moins d'accidents que les 18/25 ans !

Le professeur René Amalberti chercheur sur les comportements, explique ceci par le fait que les trajets sont toujours les mêmes et que les personnes âgées compensent leurs déficiences éventuelles par une expérience cumulée pendant au moins 50 ans.

Le problème, c’est que beaucoup -parce qu’ils sont en bonne santé-  ne se voient pas vieillir et continuent de conduire comme s’ils avaient 20 ans ! C’est ce qu’on appelle un déni. Sylviane Lafont, chercheur à l’iffstar (Institut français des transports) explique que la solution de l’examen médical n’est pas appropriée, en tous les cas, pas en fonction de l'âge, mais qu’il faut accompagner les personnes dans la modification de leur comportement.

Mais la mobilité ne se limite pas à la conduite des voitures, il y a les transports en commun, les taxis,… et évidemment la marche à pied ! D’ailleurs les transports en commun incitent à la marche, ce qui pour certains, est une difficulté, puisqu’il faut rejoindre la station de bus et de métro, et là, on constate la fragilité des personnes âgées qui représentent plus de la moitié des décès chez les piétons !

D’ailleurs pour étudier le comportement des séniors, il existe des simulateurs pour piétons comme celui de l'IFSTTAR, à Satory près de Paris : un vaste hangar où l’on projette en grandeur réelle des scènes de rues dans lesquelles on fait entrer des personnes âgées. On peut ainsi améliorer la sécurité des piétons, notamment par des aménagements urbains. Il faut dire qu’il y a 500 piétons, notamment des personnes âgées qui décèdent chaque année en France.

Pour réduire l’isolement, il y aura bientôt des voitures automatiques ou autonomes, comme la célèbre Google Car aux Etats Unis, mais aussi en France ou il existe un vaste programme de recherche qui réunit des instituts, des industriels comme Renault parmi d'autres avec comme partenaire l’équipementier Valeo (l’inventeur, entre autres du parking automatique sans conducteur). La voiture autonome est LE marché du futur car il offrira plus qu’une voiture mais un service à la personne notamment pour les personnes âgées.

J'ai eu l'occasion de tester l'un des premiers prototypes, une sorte de taxi sans chauffeur, avec l’INRIA,(l’institut, de recherche en automatisme) au milieu de la circulation dans les rues de la Rochelle. Ces voitures sont capables de lire les panneaux indicateurs, doubler en toute sécurité en changeant de file toute seule, etc. ...mais  il reste encore beaucoup de choses à résoudre avant qu’elles n'arrivent sur le marché, notamment en terme de responsabilité. Les équipementiers comme Valéo tentent de prendre de l'avance sur leurs concurrents, son président jacques Aschenbroich y voit un marché de l'avenir, autant qu'un service à la personne inégalable, et une réduction du nombre d'accidents. Du 5 au 9 Octobre prochain a d'ailleurs lieu un congrès mondial des transports intelligents qui se tient à Bordeaux.

Le coup de cœur de cette semaine est consacré à l’un des 16.000 centenaires que compte la France aujourd’hui, un record européen, et parmi eux un sportif qui a su garder son autonomie. Il s’agit de Robert marchand qui l’an dernier encore, à l’âge de 103 ans franchissait un col qui porte désormais son nom !

Un exemple à suivre …