Cet article date de plus de huit ans.

La crue, vécue en temps réel à Paris sur la Seine

L’actualité de cette semaine est donc cette crue exceptionnelle vue au quotidien par Gérard Feldzer qui vit sur une péniche au cœur de Paris.
Article rédigé par Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (© gf)

Chaque fois que j’écoute le bulletin météo (de France info) et que j’entends « pluies abondantes » je me méfie ! Mais pas suffisamment cette fois-ci car la Seine est montée brutalement de 1,5 m dans la nuit de mardi à mercredi.

Un réveil un peu brutal, car j’avais déjà les pieds dans l’eau pour accéder au bateau.

Le 1er réflexe est d’interroger le site internet « vigicrue » qui donne le niveau toutes les heures et des prévisions sur 24 heures, sauf que le système de mesure à Paris est tombé en panne et donnait de mauvaises indications, victime –je cite-de la crue ! C’est un peu comme si une caserne de pompiers prenait feu !

La 1ère action est de sécuriser le bateau. Lorsque l’eau monte il faut détendre ses amarres car le bateau monte également mais il est toujours attaché au quai. Faute de quoi, la tension devient trop forte pour défaire les nœuds, moi-même surpris par cette montée des eaux rapides, j’ai été obligé de couper l’une d’entre elles à la hache ! On comprend pourquoi, sa présence est obligatoire à bord d’une péniche.

Personnellement j’ai la chance d’être amarré à des poteaux qu’on appelle des « ducs d’albe »  mais l’angoisse c’est quand la crue dépasse la hauteur de ces poteaux, vous risquez de passer dessus et de toutes façons ne plus être amarré du tout. Certains de mes voisins eux sont accostés au bord du quai et il faut tout faire pour éviter de se retrouver avec ses 200 tonnes sur la route ! Daniel Davron qui vit sur le port depuis 25 ans n’a jamais connu pareille situation. Il nous décrit les parades pour sécuriser les bateaux, et remarque que dans ces cas extrêmes, la solidarité joue entre les « pénichards ».

Aujourd’hui on annonce une légère décrue, mais il faut rester prudent car on annonce de grandes marées, qui vont limiter le débit de la seine et également on annonce des pluies orageuses pour les jours qui viennent. ..

Beaucoup d’habitants ont quitté leur bateau faute d’électricité et d’eau par exemple,  personnellement je me suis équipé d’une éolienne, (mais il n’y a pas de vent !), de panneaux solaires, (mais il n’y a pas de soleil). Je pense à l’hydrolienne mais le débit en temps normal n’est pas suffisant, et les troncs d’arbres qui flottent, nombreux actuellement pourraient fracasser le système.

Ce genre de crues a un coût, pour les dégâts aux infrastructures, et aux habitations, mais aussi pour les transports. Rien que pour les promenades fluviales, dont c’est la 1ere destination touristique du monde, on compte chaque année plus de 8 millions de passagers, et à cette période, c’est un sérieux manque à gagner, Nathalie Szabo est, entre autres, directrice des activités fluviales chez Sodexo, pour les bateaux parisiens, les batobus, et Yacht de Paris .

Elle nous raconte comment avec ses 29 bateaux à l'arrêt, il a fallu offrir aux touristes qui avaient réservé une solution alternative dans les autres activités du groupe (Le Lido, les clubs-restaurants,etc…) ainsi plus de 60% des réservations ont pu être sauvées.

Ecouter l'Interview complète de Nathalie SZABO

L’activité de transports de marchandises est également impactée, les mariniers qui sont payés le plus souvent à la tonne transportée, sont les plus fragiles. Les voies navigables de France, responsables de la gestion de l’eau, et ses 4600 agents font le maximum pour rétablir au plus vite la circulation, sur leurs 6700 kms. Marc Papinutti son directeur nous explique qu’il faut ouvrir les écluses et les barrages pour laisser filer l’eau et ne pas inonder les terres en amont.

On peut s’étonner de voir qu’en 2016 des villes sont littéralement sous l’eau, les causes en sont multiples : on a beaucoup trop bétonné et réduit la fluidité, notamment des petits cours d’eau comme le Loing par exemple, et puis les crues sont rares en cette saison. Il y a bien des lacs réservoirs en amont de Paris.

Mais leur 850 millions de mètres cube n’empêchent pas les débordements surtout à la fin de l’hiver ou ils stockent de l’eau pour assurer le niveau de l’eau l’été.

Marc Vincent, le directeur des services techniques de Seine Grands Lacs nous explique le rôle exact des lacs réservoirs et des projets en perspectives dont des réservoirs supplémentaires dédiés aux crues. 

Ecouter l'Interview complète de Marc VINCENT

Ma séquence insolite de cette semaine est peut être une solution pour les victimes des inondations, ce sont  des maisons flottantes dans un quartier d’Amsterdam. Ces maisons montent et descendent en fonction du niveau d’eau le long de piliers, elles sont également transportables, il est ainsi possible d’en installer une plus grande sur sa parcelle d’eau. Mais cela ne résoudra pas le sort des 75 millions de personnes dans le monde affectées chaque année par les inondations.

 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.