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Toute dernière fois. 1969, le dernier grand discours public du général de Gaulle

Tout l'été, nous revenons sur ces moments où l'histoire s'achève. Le 2 février 1969, le général de Gaulle prononce son dernier grand discours, aux accents bretons, en public.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le général de Gaulle prononce son dernier discours en public à Quimper, le 2 février 1969. (AFP)

De Gaulle, c’est d’abord une voix, avant d’être un corps. La voix qui résonne depuis Londres en juin 1940. Une voix qui fend le désespoir et crée une faille dans la fatalité d’une défaite humiliante. En février 1969, cette voix n’a pas vraiment faibli. Mais le corps s’est vouté sous le poids des années au pouvoir.

L’année 1968 a été particulièrement éprouvante pour le général. Il avait été à deux doigts de tout abandonner, de laisser la France au désordre qu’il honnissait par-dessus tout. Mais, il avait finalement refusé cette issue et, par sa voix, il avait retourné la situation et provoqué des élections législatives anticipées qui lui offrirent pour la première et seule fois une majorité absolue pour son mouvement, rebaptisé pour l’occasion, l’Union pour la défense de la République. 

Fin de règne

C’est un chant du cygne. Une lourde ambiance de fin de règne flotte sur le palais de l’Élysée. La confiance brisée en 1968 ne s’est pas rétablie malgré le triomphe dans les urnes. Le fidèle Georges Pompidou, Premier ministre depuis 1962, quitte le navire à la fin du mois de juillet 1968 pour préparer la suite. La suite : la France d’après le général de Gaulle. Une hypothèse longtemps taboue que certains osent désormais formuler, au moins en privé.

Redevenu député, lors d’un voyage à Rome en janvier 1969, Pompidou est interrogé sur la façon dont il voit son avenir. Il répond : "Ce n'est un mystère pour personne que je serai candidat à une élection à la présidence de la République quand il y en aura une, mais je ne suis pas du tout pressé."

C’est dans ce contexte pesant que le général de Gaulle se rend quelques jours en Bretagne, l’un de ses nombreux voyages en province qu’il aime tant. Il est à Rennes le 31 janvier, Brest le 1er février, Quimper les 1er et 2 février. C’est ce jour-là, que le général prononce son dernier discours public. Il s’agit du deuxième quatrain du poème de son oncle breton Da Varzed Breiz, Aux Bardes de Bretagne, que l’on peut traduire par : "Mon corps est retenu mais mon esprit vole vers vous, comme l’oiseau à tire d’aile vole vers ses frères qui sont au loin." 

Pressent-t-il déjà la fin ? Cet appel à l’esprit en rappelle un autre : "Les forces de l’esprit",  convoquées par François Mitterrand lors de ses derniers vœux aux Français, le 31 décembre 1994. La mort politique et la mort naturelle vont de pair. Les deux corps du président, le corps politique et le corps naturel voguent ensemble.

De Gaulle, désavoué

Dans ce même discours de Quimper, le général de Gaulle évoquera pour la première fois le référendum qu’il organisera en avril de la même année. Un référendum sur la réforme du Sénat et des régions. Quelques jours avant le référendum, le général de Gaulle conditionnera son maintien au pouvoir au résultat du référendum. Désavoué, de Gaulle quittera la présidence, dans la nuit du 27 au 28 avril 1969, par un communiqué laconique envoyé depuis Colombey-les-Deux-Églises. Il ne remettra plus jamais les pieds à l’Élysée et ne prendra plus jamais la parole publiquement.

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