Alice Zeniter et Nicolas Martin : une rentrée littéraire sous le signe de l'actualité politique
Direction la librairie "Ici", dans le 2e arrondissement de Paris, à la rencontre de l’écrivaine confirmée Alice Zeniter pour son nouveau livre Frapper l’épopée, et de Nicolas Martin pour son premier roman, Fragile(s). Accompagnés de la libraire des lieux Elodie Muriz, les deux auteurs échangent avec enthousiasme sur leur processus d’écriture, leur rapport à la rentrée littéraire, et sur les sujets, éminemment politiques et actuels, traversant leurs romans respectifs.
Frapper l’épopée d’Alice Zeniter marque une certaine continuité avec son ancien roman multiprimé, L’art de perdre. On y retrouve le savant mélange du récit d’une jeune femme partant en quête d’identité et de ses origines, ainsi que l’histoire d’un territoire qui a subi la colonisation et de ses conséquences au présent.
Un regard neuf sur la Nouvelle-Calédonie
L’écriture du livre s’étant achevée avant les événements de printemps 2024, cela ne l'empêche pas de raisonner avec la crise politique qui traverse la Nouvelle-Calédonie depuis plusieurs mois. L’auteure insiste en effet sur sa volonté de montrer un autre visage du combat indépendantiste kanak : un militantisme pacifique. "Ici en France, en métropole, on a accès à des images de la Nouvelle-Calédonie pendant les moments d'explosion, de violence. […] Et moi, plus je me renseignais sur l'archipel, plus je me disais qu’en fait, la militance kanak n'est pas du tout à cette image de la violence."
Le livre Fragil(e)s, premier roman de Nicolas Martin, bien qu’appartenant au genre de la science-fiction, n’en est pas moins actuel. Dans une France où la natalité est contrôlée, où les enfants sont supprimés ou conservés selon s’ils sont jugés suffisamment forts ou trop faibles, on suit le parcours d’une mère de famille de deux enfants, l’un "fragile", et l’autre "fort". Dystopique, il fait écho à des problématiques contemporaines. L'auteur explique notamment que l'invention du ministère de la Famille et du Repeuplement dans le livre fait directement écho à l'utilisation de l'expression "réarmement démographique" par le Président Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse en janvier 2024.
"Toute œuvre d'art, tout roman d'anticipation part d'un contexte sociopolitique et culturel actuel."
Nicolas Martinfranceinfo
Difficile de mieux résumer ce rapport indissociable entre littérature, politique, et actualité, qu’avec les mots de la libraire Elodie Muriz : "Je pense que les écrivains sont aussi nos voix. Et je rajoute à ça que peut-être que la littérature dans son ensemble est encore le dernier espace de liberté qu'on peut avoir, autant dans les émotions que dans les messages politiques qu’elle transmet."
Une émission avec la participation du journaliste du service culture de franceinfo Matteu Maestracci.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.