Vers la retraite à 67 ans pour tous ?
Le principe est simple : plus on prend sa retraite tôt, plus la pension complémentaire est réduite.
Et le patronat ne lésine pas. Il propose un sérieux coup de rabot :
Pour ceux qui veulent partir à 62 ans, ce serait 40% de pension complémentaire - Agirc ou Arrco - en moins la première année. Puis, cette décote se réduirait progressivement : -30% à 63 ans, -18% à 64 ans… et ainsi de suite jusqu’67 ans. A 67 ans, la complémentaire serait versée en intégralité.
Il ne s’agit que d’une partie de la retraite, la part complémentaire. Est-ce vraiment dissuasif ?
A vous d'en juger : un ancien salarié, non cadre, 1300 euros de retraite en tout. Avec ce que propose le Medef, c'est 160 euros de moins par mois, s’il cesse le travail à 62 ans.
Pour un ancien cadre, avec 2500 euros de retraite mensuelle, la pension serait réduite de 600 euros, l’année de ses 62 ans.
Le patronat souhaiterait appliquer ce dispositif à tous ceux qui sont nés à partir de 1957.
On le comprend l’objectif c’est d’inciter les salariés du privé à travailler plus longtemps. Jusqu’à 67 ans ?
Non. Si l’on regarde dans le détail, le coup de rabot est très lourd au début. Puis il s’allège : à 65 ans, la décote n’est plus que de 2 % sur la pension complémentaire. Indolore ou presque. Il s’agit donc d’inciter les salariés du privé à repousser leur retraite à 65 ans au moins.
Mais tous n’auront pas forcement le choix. Près de la moitié des salariés du privé ne travaillent plus lorsqu’ils arrivent à la retraite. Ils sont au chômage, ou en maladie notamment. Pour eux pas question d'attendre 65 ans. Ils devront accepter une pension complémentaire réduite.
Est-ce que ce serait efficace pour remettre à flot les régimes de retraites complémentaires ?
Cela ne suffira pas. Cela permettrait de dégager un peu plus de 3 milliards d’ici 2020, soit plus du tiers des 8,7 milliards d’économies proposés par le patronat. Mais la mesure est hautement symbolique. Elle a d'ailleurs braqué tous les syndicats qui estiment que l’effort est trop lourd. Ils ont encore un mois de négociations pour l’adoucir et obtenir d'autres économies. Mais le patronat ne devrait pas renoncer au principe : il a trouvé là un moyen de repousser l’âge de départ en retraite sans toucher officiellement à l’âge légal.
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