Universités : lever les tabous
Cette loi donne plus de pouvoirs aux présidents d’université dans la gestion de leur budget, le recrutement des enseignants, et elle ouvre la voie à une diversification des financements, en encouragent l’arrivée de fonds privés. Mais les étudiants avaient obtenu l’été dernier des garanties sur le maintien des frais d’inscription – 150 euros en moyenne, parmi les plus bas des pays développés – et l’absence de sélection à l’entrée. Ils dénoncent avec justesse le manque de moyens des universités. Depuis 25 ans, l’argent public est allé à l’enseignement primaire et secondaire, au détriment du supérieur, dont les effectifs ont pourtant presque doublé. Aujourd’hui, l’Etat dépense 10 000 euros par an pour un lycéen, contre seulement 7 000 pour un étudiant inscrit à l’université. Même s’il est insuffisant, le budget 2008 commence à corriger cela. Mais pour avoir de l’oxygène supplémentaire, l’université a aussi besoin de créer des liens plus forts avec le monde de l’entreprise. Elle n’y perd pas forcément son âme. Aux Etats-Unis par exemple, tout en provenant d’un financement privé plus fort, les deux tiers des dépenses de recherches des universités restent consacrées à la recherche fondamentale, c’est-à-dire sans objectif commercial.
Le mouvement étudiant repose-t-il plus sur des considérations politiques que sur des réalités objectives ?
Ce qui est sûr, c’est qu’il y a des tabous qui méritent d’être levés. Prenons par exemple les droits d’inscription. On peut très bien conserver un accès démocratisé à l’enseignement supérieur en les augmentant sensiblement. Dans un essai sur la nouvelle question scolaire, le sociologue Eric Maurin suggère de s’inspirer de ce qu’ont instauré l’Australie ou la Grande-Bretagne : là bas, les étudiants ne paient pas tout de suite. Ils bénéficient d’une avance qu’ils remboursement lorsqu’ils travaillent, moyennant un pourcentage prélevé sur le salaire. Ce ne sont pas les banques qui prêtent mais les étudiants d’hier qui financent ceux d’aujourd’hui dans un système qui ressemble à l’envers à celui des retraites. Faute d’explorer ce genre de pistes, on laisse les universités françaises être le maillon faible de l’enseignement supérieur, coincé entre les grandes écoles qui bénéficient à l’élite, et les formations courtes et professionnelles, comme les IUT, qui attirent de plus en plus de bacheliers.
Pour aller plus loin je vous renvoie au livre d'Eric Maurin, La nouvelle question scolaire, publié au Seuil, et celui de mon confrère Emmanuel Davidenkoff, Les universités sont-elles solubles dans la mondialisation ?, chez Hachette Littératures, écrit avec Sylvain Kahn... Sans oublier bien sûr les rendez-vous qu'il vous propose sur France Info
http://www.france-info.com/spip.php?article33881
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