Un pigeon peut en cacher un autre
Ca semble compliqué et les pigeons n'entendent pas baisser la garde. Ils estiment que la reculade du gouvernement n'est qu'apparence. L'un d'eux résume très bien l'esprit général : c'est un peu comme si le gouvernement nous disait : ''je vais vous plumer entièrement... sauf la tête''. En clair, le combat va continuer car les investisseurs attendent non seulement des mesures concrètes mais aussi une reconnaissance. Que l'on cesse de tirer à boulets rouges sur des entrepreneurs au mieux méconnus du grand public, au pire comparés à d'affreux financiers. Qu'est-ce qu'un business angel si ce n'est une personne qui investit son argent dans le capital de jeunes entreprises de croissance pour leur permettre de se développer.
Le gouvernement a annoncé qu'il révisait sa copie. Peut-il encore aller plus loin ?
Au pire, Matignon et Bercy vont s'assoir sur ce qu'ils prévoyaient initialement et on en restera au système existant. Une opération blanche dont la grande perdante sera la communication gouvernementale. Bercy a commis une grosse bourde en s'attaquant à ces jeunes patrons de but en blanc sans concertation préalable. Le coup est parti et les investisseurs ont mis un pied dans la porte : ils attendent maintenant des précisions du gouvernement sur des axes biens précis. Quand Matignon annonce un geste en faveur des créateurs d'entreprises, que veut-il dire exactement sur le plan juridique ? Le terme ''créateur'' n'a, à ce jour, aucune définition ou existence fiscale. Il se dit ce matin que la fiscalité resterait inchangée pour tous les créateurs d'entreprises et les actionnaires (c'est la nouveauté), à condition que ces derniers détiennent une part significative du capital. Où va-t-on placer le curseur ? Cette question, comme d'autres, reste posée.
Quelles leçons peut-on tirer de cet épisode qui est loin d'être terminé ?*
D'abord, il est évident que ceux qui ont mené le combat ont d'ores et déjà gagné une partie de la bataille. Et puis la polémique aura eu le mérite de nous faire prendre conscience du fonctionnement d'une entreprise : sans argent, sans capital, elle ne peut pas vivre, créer et maintenir de l'emploi. C'est un fait, un constat, pas un parti pris. Enfin, Jérôme Cahuzac a ouvert un autre front. En déclarant que la reculade coûtera plusieurs centaines de millions d'euros et que cet impact devra être compensé, le ministre du Budget annonce clairement la couleur : il faudra aller chercher ailleurs l'argent que l'Etat n'aura pas récupéré auprès des créateurs d'entreprise. Ce matin, il y a certainement un pigeon qui sommeille en chacun d'entre nous.
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