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Soutien à l'économie : la réserve fédérale américaine met la pédale douce

La banque centrale américaine (la FED) tient depuis mardi soir une importante réunion de politique monétaire. Ce rendez-vous est très attendu par les marchés financiers et les décideurs économiques en Europe.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Cette réunion est importante à plus d'un titre. La FED doit réviser ses perspectives d'évolution de l'économie. En clair, elle va nous donner des nouvelles concrètes de cette reprise dont on parle depuis maintenant quelques mois aux Etats-Unis. Mais surtout, le Président de la réserve fédérale – le tout puissant Ben Bernanke, souvent présenté comme le vrai Président des Etats-Unis (le Deus ex machina de la marche mondiale des affaires) – doit annoncer quelle politique monétaire la FED va adopter face à cette reprise.

On sait déjà ce que va faire la réserve fédérale ?

Oui car elle a déjà envoyé le message. Elle va ralentir le rythme de ce qu'elle faisait depuis 5 ans : soutenir l'activité économique en faisant tourner la planche à billet. Elle "fabriquait" de l'argent pour l'injecter dans l'économie, notamment via les banques, et en rachetant des bons du Trésor.
En cinq ans, ce sont environ 4000 milliards de dollars (un peu moins de 3000 milliards d'euros - l'équivalent d'un an et demi de richesses industrielles et de services produites en France) qui ont été libérés sur le marché. Ces derniers temps, la FED délivrait jusqu'à 85 milliards de dollars par mois. Elle ne va pas tout stopper d'un seul coup, cela se fera progressivement jusqu'au milieu de l'année prochaine.

Et en quoi l'Europe peut-elle être touchée ?

Selon le principe du "tout ce qui est rare est cher", si la FED commence à ralentir le volume d'argent créé, le coût de cet argent va remonter par l'effet direct d'une hausse des taux d'intérêts. Cette hausse des taux, on la ressentira également de ce côté-ci de l'Atlantique par ricochet. Je ne vous fais pas de dessin : les pays européens, qui sont loin d'avoir fini de rembourser leurs dettes, vont certainement la payer plus cher. C'est comme si vous aviez un crédit à rembourser et que votre banquier vous annonçait une hausse des taux de remboursement. Ce n'est pas plus compliqué. Ce qui risque de l'être plus, c'est pour un pays comme la France qui annonce déjà pour fin 2014 un endettement de 95% de sa richesse. Tout dérapage serait fatal.

Y a-t-il un moyen de passer entre les goutes ?

D'abord, pour la France, c'est de réduire la dépense publique, faire de vraies économies de fonctionnement. Le pouvoir, c'est aussi la Banque Centrale Européenne qui le détient en jouant avec ses propres taux d'intérêts. Le Président de la BCE Mario Draghi dispose encore d'une petite marge de manœuvre. L'utilisera-t-il ? C'est la question.
On voit mal comment les autorités monétaires européennes pourraient laisser un tel scénario noir se dérouler. Il montre la complexité de l'économie mais ne nous trompons pas, ce n'est pas la reprise économique qui pose problème, c'est la manière dont on a géré la crise.
Ben Bernanke avait-il seulement le choix ? Ne pas soutenir l'économie américaine aurait peut-être débouché sur bien pire encore.

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