Ce n'est pas encore l'offensive dela dernière chance pour Mario DRAGUI mais les observateurs et les marchésfinanciers l'attendent au tournant. A l'heure où l'Espagne est sollicitée parses régions et ses banques pour boucler les fins de mois, alors que le Portugalcontinue de s'enfoncer, et que la croissance stagne en Europe (jusqu'à pesersur l'économie allemande). Mario DRAGUI a laissé entendre au moins à deuxreprises cet été que la BCE n'hésiterait pas à racheter de la dette des pays endifficultés pour éviter que l'Europe ne vole en éclats. Une position quitranche avec celle son prédécesseur Jean-Claude TRICHET qui s'attachait àremplir la mission assignée à la BCE : veiller à la stabilité des prix,faire en sorte qu'il n'y ait pas d'inflation (ce qu'il a, au passage, bienréussi dans un contexte très difficile).Changement de culture et de stratégie, mais qu'elle est laréelle marge de manœuvre de Mario DRAGUI ? En août, il a annoncé que la BCE achèterait des obligationsespagnoles et italiennes pour endiguer la hausse des taux d'intérêts auxquelsces deux pays empruntent sur les marchés (d'ailleurs, Madrid va de nouveau setourner vers les investisseurs aujourd'hui pour tester leur confiance). Cesinvestisseurs attendent maintenant de savoir si la politique DRAGUI va sepoursuivre car elle soulève deux questions : l'une d'ordre financier, l'autred'ordre psychologique. Le premier aspect tient au fait que pour racheter de ladette, on fait marcher la planche à billet (on crée de la monnaie), ce quigénère de l'inflation. Un argument que rejette Mario DRAGUI. Au terme d'unprocessus financier complexe, l'argent déboursé pour racheter des obligationsde pays nécessiteux est ensuite repris par la banque centrale. Une opérationblanche en quelque sorte. On appelle cela "stériliser la dette".Quant à l'aspect psychologique, il repose sur l'" aléa moral ". Sesachant soutenus en toutes circonstances, les Etats en difficulté sontsusceptibles de relâcher leurs efforts.Et pour éviter les dérapages, Mario DRAGUI pose desconditions bien précises. La BCE n'interviendra qu'en appui des fonds d'aide existantstels que le Mécanisme Européen de Stabilité. Les opérations seront limitées aucourt terme pour ne pas casser l'élan réformateur des Etats sur le long terme.Enfin, les pays concernés devront apporter la preuve du strict respect desengagements pris en matière de dépenses publiques. Cette stratégie devraaffronter la vive opposition de la banque centrale allemande. La Bundesbankcraint les dérapages. Super Mario devra lui prouver le contraire.