Renault-gouvernement : jusqu'où ira le bras de fer ?
D’un côté, le patron de Renault Carlos Ghosn qui défend un rééquilibrage de l’Alliance avec Nissan. De l’autre, le gouvernement qui milite clairement pour une fusion des deux. Pour l’heure Renault détient plus de 40% du japonais mais ce dernier n’a que 15% de la marque au losange. Nissan qui a très mal vu la montée en puissance de l’Etat français en avril dernier.
L’Etat avait alors renforcé sa participation dans l’Alliance de 15 à 20% pour obtenir des droits de vote double dans les décisions stratégiques.
Pourquoi ce bras de fer entre les différentes parties… aujourd’hui ?
Chacun défend ses intérêts. Pour certains observateurs, le fait que le ministère de l’Economie s’impose, et mette la pression sur Renault, est le signe évident du dirigisme d’un Etat français omnipotent qui veut tout contrôler.
En réalité nous sommes dans une situation tout à fait normale des règles du capitalisme français qui veut que chacun des actionnaires défende ses avantages.
Via l’Etat, Emmanuel Macron est actionnaire de Renault au même titre que, via Renault, Carlos Ghosn est actionnaire de Nissan. Et chacun défend son bout de gras. Point de dirigisme d’Etat dans cette affaire.
Regardons bien la situation telle qu’elle est. Lorsque l’Alliance se crée au début des années 2000, l’Etat français – via Renault dont il est actionnaire – sauve Nissan d’une mort certaine. Aujourd’hui, c’est Nissan qui fait l’essentiel des bénéfices de l’Alliance avec le constructeur français.
Dans cette guerre entre actionnaires que vous êtes en train de nous décrire, qui peut l’emporter ?
Prenons les paris : nous allons aboutir à un compromis entre Renault et le gouvernement car c’est dans l’intérêt de tout le monde. Les discussions tendues vont se poursuivre et les noms d’oiseau voler mais, in fine, l’intérêt n’est-il pas – pour Carlos Ghosn d’un côté et pour Bercy de l’autre – que l’Alliance reste à dominante française ?
Le vrai problème de fond que pose ce dossier est le rôle de l’Etat actionnaire à moyen et long terme. Qu’a fait l’Etat dans l’Alliance Renault-Nissan depuis l’existence du pacte d’actionnaires en 2002 si ce n’est ouvrir un boulevard à Carlos Ghosn qui est aujourd’hui en position de force.
On peut multiplier les exemples. L’Etat s’est-il montré bon actionnaire dans le dossier AREVA dont on voit aujourd’hui la situation héritée d’un manque de gouvernance évident ?
Enfin, l’actuel ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, a peut-être une fibre des affaires un peu plus volontaire que certains de ses prédécesseurs.
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