Relance économique en Europe : nécessaire équilibre entre réformes et rigueur
Après des mois de rigueur affichée à tous les étages par les Etats européens pour rétablir leurs comptes publics, encouragés en cela par les instances internationales (de la Commission de Bruxelles au FMI de Washington), voilà le débat sur la relance clairement posé. Initié la semaine dernière par l’Italie qui a décidé de repousser d’un an son objectif d’équilibre budgétaire et d’entreprendre de grands travaux pour soutenir son économie, le débat a rebondi hier avec la conférence de presse (très présidentielle !) de François Hollande, quelques heures après que le Pdt de la BCE Mario DRAGUI ait plaidé pour un « nouveau pacte de croissance ». Mario Dragui laisse clairement entendre que l’on est allé trop loin dans la rigueur et que les mesures de restriction budgétaire que les Etats européens se sont imposées ne permettent pas à nos économies de repartir. Pain béni, évidemment, pour le candidat socialiste en France… le problème c’est que les deux hommes sont d’accord sur le fond mais pas du tout sur la forme... ce qu’a d’ailleurs reconnu François Hollande qui était l’invité de France Info ce matin.
Qu’est-ce qui différencie les deux hommes ?
Mario Dragui envisage une relance par l’offre (une relance libérale qui sous-entend moins de réglementation, plus de concurrence, des marchés plus ouverts dont celui de l'emploi)... alors que François Hollande prône une relance par la demande. C’est l’approche keynésienne classique de la gauche : on pratique la relance par du stimulus budgétaire : dépenses d’infrastructures, création d’emplois publics, etc. François Hollande a peut-être été trop rapide en surfant sur les propos du très libéral Mario DRAGUI, ancienne éminence grise de la tristement célèbre banque Goldman Sachs.
Quand même… n’y a t-il pas urgence… quand on voit par exemple le cas de la Grande Bretagne qui a confirmé hier être entrée en récession ?
C’est vrai. Ces derniers mois, Londres a serré les boulons des finances publiques et se retrouve aujourd’hui dans une situation catastrophique (le Royaume-Uni est officiellement entré en récession avec un PIB en baisse de 0.3% au dernier trimestre 2011 et -0.2 au premier trimestre 2012). Même en dehors de la zone euro la vie est difficile. On a longtemps vanté les mérites du statut de la banque centrale d’Angleterre qui, contrairement à la BCE, peut aider directement l’Etat pour relancer l’économie. Et bien on voit aujourd’hui le résultat... Londres a été obligé d’emprunter en mars 22 milliards d’euros sur les marchés pour boucler les fins de mois. Même la possibilité pour l’Angleterre de dévaluer sa monnaie n’a pas joué. Le cas britannique est intéressant à cet égard : délier les cordons des finances publiques ne suffit pas à assurer une relance saine. Réformes structurelles pour favoriser l’économie mais rigueur budgétaire... tout est question d'équilibre.
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